C’est à Rémi Ramond, adjoint au maire, que Denis Turrel maire de la commune a confié la difficile mission d’éclairer la municipalité de Carbonne sur les problèmes de l’urbanisme. Des choix qui devront être faits dans les années à venir pour garantir un développement harmonieux de la capitale économique du Volvestre. Coincé entre le SCOT et la loi Zan, le défi s’annonce complexe pour le maire et son conseil municipal et il impactera directement la vie des carbonnais.
On a vu qu’un PLU, avec la création de la zone économique à l’entrée de la ville il y a quelques années, a bouleversé les équilibres économiques et les habitudes de consommation des habitants. L’arrivée récente d’un Mac Donald dans cette zone n’amplifiant que le phénomène.
Nous avons rencontré Rémi Ramond pour tenter de comprendre les enjeux. Un élu qui connaît bien son dossier et qui a tenté de nous vulgariser cette problématique très technique. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué est une caractéristique de l’administration française. Visiblement la vision jacobine de nos décideurs nationaux et celle de nos élus locaux sont pour le moins divergentes dans nombre de domaines.
PR : Qu’est-ce que la loi Zan et quel est son impact sur Carbonne
La loi ZAN impose désormais de réduire de moitié la consommation d’espaces naturels et agricoles dans les dix prochaines années. Cela signifie que nous devrons limiter l’étalement urbain de façon drastique et densifier le centre urbain (dents creuses). C’est une forte contrainte à laquelle on ne peut échapper. Pour positiver, cette loi va donc redonner de l’intérêt, ainsi que de la valeur, au patrimoine existant et devrait permettre de réhabiliter les logements vacants du centre-ville par exemple.
PR : Et ce SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) dont tout le monde parle et qui crée des tensions au sein des municipalités ?
Le schéma de cohérence territoriale (SCoT) est un document de planification stratégique à moyen et long terme créé par la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) en décembre 2000.
Il sert de cadre de référence pour les différentes politiques locales, notamment celles centrées sur les questions d’organisation de l’espace et d’urbanisme, d’habitat, de mobilités, d’aménagement commercial, d’environnement, dont celles de la biodiversité, de l’énergie et du climat…
Ce document central et d’importance, impose donc des objectifs aux communes, à travers la mise en compatibilité de leur Plan Local d’Urbanisme (PLU), pour répondre aux conséquences du dérèglement climatique, et les transitions écologiques, énergétique, démographique, numérique…
Pour Carbonne, nous devons faire des choix importants pour l’avenir car notre SCOT, à l’échelle du Pays Sud Toulousain (99 communes du Sud Toulousain pour 100 000 habitants), est en cours de révision. Nous devrons assumer notre rôle et nos obligations de pôle d’équilibre notamment en ce qui concerne notre offre de service et l’accueil de population. À l’horizon 2030 elle est estimée à 8000 habitants pour notre commune. Notre enjeu aujourd’hui reste de maintenir un ratio d’emploi par habitant cohérent soit 1 emploi pour 3,5 habitants. Nous souhaitons garder, à Carbonne, une qualité de vie en donnant la priorité aux commerces, aux services, aux infrastructures et à l’emploi.
PR :Pouvez-vous nous présenter ce qui se dessine pour Carbonne demain ?
Les lois successives nous imposent de maîtriser l’artificialisation et de conserver les espaces naturels, agricoles et forestiers pour préserver la biodiversité. Nous avons commencé à diminuer la consommation foncière, lors de la dernière révision du PLU en 2018, en déclassant 80 hectares constructibles en zones Agricole (A) et Naturelle (N). Notre objectif restera de maîtriser la démographie et de réguler le dynamisme de notre commune.
Le nouveau PLU et ses conséquences importantes en matière d’urbanisme seront revu en 2027. Pouvez nous donner quelques indications ou tendances en avant-première ? Par exemple y aura-t-il une autre zone commerciale ?
Non dans le prochain SCOT, ni dans le prochain PLU, il n’y aura pas de nouvelle zone commerciale.
Celle existante à l’entrée de la ville va-t-elle s’agrandir ?
Il est trop tôt pour le dire mais il y a une forte probabilité que oui. Il est par contre impossible de vous préciser aujourd’hui de combien et quand. Cette question sera abordée à la prochaine révision du PLU (à envisager en 2027).
Y aura-t-il une limitation du nombre des permis de construire ?
Ce n’est pas le nombre des permis de construire qui seront limités mais les nouvelles surfaces à construire. Un chiffre révélateur est que nous allons passer de 40 hectares de surfaces constructibles entre 2011 et 2021 à 15 hectares entre 2021 et 2031 avec l’application de cette fameuse loi ZAN. Une baisse très significative comme vous pouvez le constater.
Cela veut-il dire que le développement de Carbonne devra être maîtrisé ?
Oui mais surtout par contrainte de la loi ZAN. Le SCOT, lui, nous demande d’accueillir de nouvelles populations avec les services et commerces qui vont avec et la loi ZAN nous impose de densifier avec le risque de voir apparaître de plus en plus d’immeubles (R + 2) et de logements collectifs ce qui n’est pas la volonté de Carbonne ! Nous devrons donc trouver un équilibre entre ce besoin (SCOT) et ces contraintes (loi ZAN).
Des élus qui travaillent dans l’ombre et dont on ne sait pas assez ce qu’ils font au profit de leurs administrés.