Ce jeudi 15 février, quelques 200 personnes, des agriculteurs et des élus, ont répondu à l’invitation du président de la chambre d’agriculture Sébastien Albouy, du député Joël Aviragnet et de la présidente de Région Carole Delga, avec la crise agricole pour thème de cette réunion publique.
Le député Joël Aviragnet: «J’ai interpellé le ministre Marc Fesneau le 25 octobre sur la crise liée à la MHE (maladie hémorragique épizootique). Il m’a répondu que des mesures allaient être prises. Un plan prévoyant des indemnités est arrivé le 22 janvier quand le barrage de Carbonne était déjà en place. Toutes ces questions, et il y en a bien d’autres, il faut que l’on puisse les traiter pour les faire remonter au premier ministre et au ministre de l’agriculture, parce que l’on ne peut pas continuer comme cela, sachant que les agriculteurs du Comminges et du Savès n’ont pas les mêmes problématiques que les céréaliers de la Beauce. Il va falloir le faire entendre d’une manière ou d’une autre».
Le député a listé les problèmes, la MHE, l’exonération sur le GNR (gazole non routier), les disparités énormes sur la MAEC (Mesures agroenvironnementales et climatiques), «certains la touchent, d’autres pas», la loi Egalim qui ne fonctionne pas et la question du juste prix à payer au milieu agricole, la question des normes et de la concurrence, «il faudra me semble-t-il dégager les produits agricoles des négociations internationales qui concernent globalement d’autres produits».
Une demande de rencontre avec le préfet
Une agricultrice a jeté un éclairage édifiant sur les difficultés concrètes rencontrées par les agriculteurs: «nous sommes ici plusieurs agriculteurs qui se sont mobilisés sur le rond-point du Bazert.
Les dossiers MHE sont un échec pour nous tous ici présents, parce que rien n’aboutit. Pour l’instant nous avons eu des paroles mais rien de concret». S’adressant à Sébastien Albouy, président de la chambre d’agriculture: «vous avez des conseillers de chambre qui ne savent pas nous répondre pour remplir les dossiers, nous avons des cliniques vétérinaires qui ne remplissent pas ces dossiers».
Elle poursuit: «Nous avons une aide pour le GNR, le prix a augmenté de 10 centimes le lendemain de l’exonération, si cela continue d’augmenter, nous ne voyons pas où est l’aide. Pour l’instant, excusez-nous, mais monsieur Gabriel Attal n’a rien fait pour le monde agricole.
Il y a eu des enveloppes de la PAC, oui bien sûr, mais au lieu de percevoir 80 € par hectare, certains se retrouvent avec 63 € puisque la liste des bénéficiaires a augmenté en raison de nouveaux critères. C’est du financement en moins».
Elle sollicite à nouveau le président de la chambre d’agriculture: «Notre interlocuteur, c’est le préfet, c’est à lui que l’on doit émettre toutes ces remontrances. Serait-il possible qu’il y ait une réunion avec les agriculteurs ici, maintenant, pas dans un mois quand nos dossiers ne pourront plus être déposés parce que les dates limites seront dépassées».
L’inextricable maquis des dossiers administratifs
Sébastien Albouy: «les aides PAC ne seront pas payées au 15 mars. Selon les services de l’Etat, ce serait quasiment impossible avant. C’est bien que la profession se soit mobilisée parce clairement nous n’étions plus écoutés. Les dossiers MHE étaient inconcevables à remplir, les critères demandés et le mode de calcul sont tout simplement impossible à faire, les formulaires changent au fur et à mesure des jours. Des agriculteurs se sont mobilisés, il ne faut pas lâcher, c’est cela qui fera bouger les choses, pour que l’agriculture soit remise au centre des débats de façon globale dans le pays».
Carole Delga : «La mobilisation est indispensable»
Carole Delga est aussi intervenue dans le débat: «La mobilisation est indispensable parce que l’on marche sur la tête. Il faut arriver à faire prendre conscience que les dispositifs ne peuvent plus continuer à être organisés de cette façon. Nous avons bien pris conscience de la complexité de la MHE, nous avons alerté, mais rien n’a bougé. Les annonces ne sont pas suivies d’effet. Il ne faut pas baisser les bras, continuer à se mobiliser, faire prendre conscience à la population, aux décideurs qu’il y a une situation invivable pour des femmes et des hommes qui travaillent 70h par semaine. On doit continuer ce combat parce qu’au-delà de la problématique des mesures ponctuelles comme celles qui concernent la MHE, il demeure un problème beaucoup plus large: celui des revenus».
Ce soir du 15 février 2023, le député du Comminges et du Savès, la présidente de Région, et le président de la Chambre d’agriculture ont parlé d’une même voix, Carole Delga «il ne faut pas baisser les bras, il faut continuer à se mobiliser» et Sébastien Albouy «le match n’est pas fini».