Alors que la Loi d’Orientation des Mobilités impose des Zones à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m) interdisant la circulation des véhicules polluants dans 43 agglomérations françaises, le contexte général d’inflation et plus particulièrement de pression sur les prix des voitures et de leur utilisation rend l’acquisition de véhicules qualifiés plus respectueux de l’environnement inaccessible pour une grande partie des ménages et des entreprises, captifs de cette transition à marche forcée.
Deux études analysant en profondeur la situation de la région Toulousaine viennent d’être publiées :
L’Indice de Précarité Automobile évalue et synthétise les risques d’exclusion, les difficultés de la Métropole de Toulouse vis-à-vis de la transition vers des véhicules récents
Transition électrique : les ménages modestes dans l’impasse
Si l’inflation française ralentit – les prix à la consommation ont progressé de 2,9% sur un an en février 2024 contre 3,1% en octobre selon l’INSEE -, celle-ci reste l’une des plus élevées d’Europe. La situation impacte fortement le pouvoir d’achat des ménages et notamment des plus modestes, la part des dépenses contraintes pesant davantage dans leur budget. Or bien souvent, un véhicule leur est indispensable pour se rendre au travail et assurer la mobilité de la famille.
Alors que le leasing social permettant d’obtenir un véhicule électrique en échange d’un loyer de 100 euros par mois a connu un engouement avec plus de 50 000 commandes en six semaines début 2024 avant d’être arrêté victime de son succès, ce dispositif ne sera malgré tout pas suffisant pour répondre aux besoins de renouvellement du parc et des ménages modestes, pour qui l’électrique reste inaccessible financièrement.
Les automobilistes de la Haute-Garonne en plein brouillard
Un constat qui s’observe également à l’échelle du département de la Haute-Garonne, selon la dernière étude de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile intitulée « L’Automobiliste en plein brouillard ». Cette enquête internationale réalisée dans 16 pays auprès de 15 000 personnes signale que neuf habitants de la Haute-Garonne sur dix (90%) considèrent que les ZFE sont injustes pour les ménages modestes qui ne pourront pas s’équiper de véhicules modernes pour circuler dans ces zones. Presque huit habitants sur dix (78%) estiment que le calendrier prévu est par ailleurs trop exigeant.
Plus de la moitié des sondés (56%) savent si leur véhicule pourra circuler dans les ZFE. Chez ceux qui pensent que leur véhicule n’y sera pas autorisé, 48% éviteront de s’y déplacer une fois la mesure entrée en vigueur et seuls 13% changeront leur mode de déplacement (bus, vélo…).
Alors que 2035 marquera l’interdiction des ventes de véhicules thermiques en Europe , 80% des habitants de la Haute-Garonne jugent cette mesure injuste pour les ménages qui ne pourraient pas revendre leur voiture. Selon 73% d’entre eux, le dispositif est irréaliste et il ne verra jamais le jour. De plus, ils sont seulement 40% à considérer que le véhicule électrique incarne le progrès technologique, et un tiers (35%) croient que celui-ci va complètement remplacer la voiture thermique un jour.
Presque huit sondés sur dix (78%) affirment que l’augmentation du prix de l’électricité pourrait rendre l’utilisation d’une voiture électrique trop coûteuse par rapport aux véhicules à essence ou diesel, et seul un quart (25%) estiment que l’Europe produira suffisamment d’électricité pour répondre aux besoins de l’ensemble du parc de véhicules électriques.
Le marché des véhicules électriques est marqué par l’arrivée de nouveaux entrants étrangers concurrençant les constructeurs traditionnels et proposant des prix attractifs. Malgré la mise en place d’un score environnemental pour le bonus écologique 2024 par le gouvernement dans le but de favoriser la compétitivité des véhicules européens, plus de 4 habitants sur 10 (44%) déclarent avoir une bonne opinion des voitures de marque chinoise. En revanche, seul un quart (25%) serait prêt à franchir le cap, en s’en procurant une.
L’Indice de précarité automobile pour alerter sur les risques d’exclusion
Pour connaître les zones et les ménages qui risquent d’être les plus touchés par l’interdiction de circulation des véhicules polluants, BNP Paribas Mobility a créé un indice de précarité automobile. Réalisé avec C-Ways, il évalue et synthétise les risques d’exclusion, les difficultés des territoires vis-à-vis de la transition vers des véhicules récents, il se compose de cinq éléments :
– Revenu disponible des ménages
– Proximité avec la ZFE-m
– Proportion de véhicules potentiellement exclus de la ZFE-m
– Densité de l’offre de transports en commun
– Kilométrage annuel moyen
Les territoires avec l’indice de précarité automobile le plus élevé sont les plus précaires, c’est-à-dire ceux pour lesquels le besoin de transition vers des véhicules récents est le plus élevé et/ou le coût de la transition est le moins soutenable.
Les véhicules des quartiers Nord et Sud de Toulouse seront les plus impactés par les ZFE-m
Si l’interdiction de circulation des véhicules classés Crit’Air 3 dans la ZFE de la Métropole de Toulouse qui devait être appliquée dès janvier 2024 a été suspendue (à essence de 1997 à 2005, diesels de 2006 à 2010), 91 000 véhicules particuliers circulant régulièrement dans la Métropole pourraient ne plus avoir l’autorisation de s’y rendre lorsque cette mesure sera mise en place. Parmi les 406 000 véhicules particuliers immatriculés dans la métropole en 2023, presque un quart (23%) seraient donc concernés.
Les véhicules Crit’Air 3 concernés par l’interdiction sont concentrés au Nord et au Sud de Toulouse intramuros, zones où sont surreprésentés les ménages à revenus modestes.
Les transports en commun, qui pourraient constituer une solution de remplacement, sont peu nombreux dans ces zones. Les kilométrages automobiles moyens, eux, sont répartis de manière très homogène.
L’interdiction du Crit’Air 3 et plus concernerait 14 400 véhicules utilitaires légers (VUL), soit un quart (25%) des 57 700 VUL immatriculés dans la métropole en 2024
Concernant l’interdiction du Crit’Air 3 seul, 7 300 véhicules utilitaires légers seraient concernés.
Néanmoins, il existe des disparités importantes qui dépendent notamment du secteur d’activité et de la taille de l’entreprise :
Les petites entreprises du secteur de la logistique comptent 30% de véhicules de Crit’Air 3 et plus
Les grandes entreprises du secteur du BTP dénombrent 6% de véhicules de Crit’Air 3 et plus.
A noter que les artisans et TPE de services utilisant des véhicules spécifiquement carrossés sont particulièrement vulnérables, tout comme les métiers et fonctions demandant de la puissance spécifique (froid dirigé, élévation…) qui sont plus difficilement électrifiables.
Les résultats de l’Indice de Précarité Automobile de la métropole de Toulouse permettent à BNP Paribas Mobility d’alerter sur la situation compliquée à venir des ménages toulousains les plus modestes, dans l’impasse face à la transition énergétique, et de se mobiliser pour les accompagner. BNP Paribas Mobility est un écosystème, une structure qui permet d’apporter à tous nos clients l’expertise et le savoir-faire de nos métiers spécialisés. En maximisant les synergies, nous formalisons l’organisation, la galaxie d’offres, services et conseils qui peuvent être apportées par les différentes filiales.