Les Feux de la Saint Jean dans le Comminges, à Luchon c’est la préparation du halhar

Halhar Luchon
A LUCHON, le Halhar en plein préparation 1 mois avant la Saint Jean

Le Feu de la Saint Jean :

Le feu de la St–Jean (PCI*) est une pratique partagée dans toute l’Europe, fortement ancrée dans les ritualisations calendaires.

Le feu est un arbre, une torche exceptionnelle, haute de 8 à 12 mètres, qui requiert des savoir-faire, techniques et sous entend un travail collectif.

Ce flambeau géant est, aujourd’hui, le plus souvent appelé brandon, terminologie française qui est présente depuis longtemps à Bagnères-de-Luchon, deux autres termes, occitans ceux-ci, eth halhar dans le Luchonnais et eth hart en Comminges et Couserans. Cette terminologie se prolonge au Val d’Aran, eth/er haró à Les et eth taro à Arties, Ces termes qui s’attachent au tronc travaillé ont tous le sens générique de lumière : era halha.

Isaure Gratacos note que les enfants font, une fois l’arbre consumé, tournoyer au-dessus de leur tête des bouts de bois enflammés nommés eras halhas. Ce même nom s’applique aux petites reproductions d’arbres ouvragés qui servent à mettre le feu au brandon de Bagnères–de– Luchon.

Le brandon "Halhar" de Luchon
Pierre et Bruno charpentiers à la ville de Bagnères de Luchon préparent le Halhar 2024.

Patricia Heiniger-Casteret* : La transmission est au cœur du rituel et du processus d’identification des pratiques relevant du patrimoine culturel immatériel et la plus surprenante de cette fête populaire solsticiale est celle qui se réalise au sein des services municipaux des deux villes thermales que sont Bagnères–de– Luchon et Bagnères–de–Bigorre. C’est un arbre confectionné, esthétiquement beau, transfiguré par une chaine opératoire d’actes dont la technicité est transmise au sein d’une corporation. Après éclatement, à Bagnères–de–Bigorre il sera recouvert d’une cape de buis et couronné d’un bouquet confectionné par les employés des serres municipales et à Luchon il sera habillé de paille et orné d’un bouquet sommital. Cet objet festif, «haute couture», est ensuite offert aux habitants de la commune comme aux curistes et aux touristes.

Dans les villages et les hameaux les différentes opérations font appel à un collectif, tout l’apprêt du tronc reviendra au comité des fêtes qui parfois se confond avec le conseil municipal ou à l’ensemble des associations présentes sur la commune, tout dépendra du nombre d’habitants. Les enfants par immersion, par jeu et par manipulation des végétaux, sur les deux versant de la zone concernée, sont intégrés aux festivités. Les étapes de la préparation des ligneux peut faire l’objet de sorties pédagogiques, la fabrication des falles et des halhas est assurée par les parents ou est l’objet d’ateliers collectifs de confection, on leur aménage un faro à proximité du village, on dresse des «brandons» à leur hauteur, on leur fait porter des bouquets de fleurs des jardins. Et les enfants de la partie nord, à l’image de leurs parents, une fois l’arbre consumé, prendront un charbon pour s’en noircir les mains et noircir les visages de leurs amis et alliés.

A Luchon la Fête sera célébrée le Samedi 22 Juin. 

Célébrant l’arrivée du solstice d’été, le Brandon de Bagnères-de-Luchon est une véritable ode à la saison estivale et à la puissance du feu. Cette tradition ancestrale, sera précédée d’un défilé traditionnel des troupes folkloriques locales.

21h : Départ du défilé place du Comminges où seront présentent les association folkloriques de Bagnères de Luchon les Guides à Cheval, la Fanfare Luchonnaise, les Fils de Luchon, le Quadrille Luchonnais

21h45 : Crémation  Place Lézat

    • *Divers extraits de « Quand le processus de labellisation UNESCO révèle le rituel : le cas des brandons, halhars et falles en Pyrénées centrales Patricia Heiniger-Casteret« 
    • * Le 2 décembre 2015, à Windhoek en Namibie, lors de la dixième Cession du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, les fêtes du feu du solstice d’été dans les Pyrénées, ont été inscrites sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.
    • Le concept de Patrimoine Culturel Immatériel (PCI), notion forgée au sein de l’UNESCO, appréhende les expressions culturelles non comme des particularités régionales mais comme des «façons d’être et de faire», représentatives d’un État.

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