Le samedi 10 juin 1944, de Marsoulas à Betchat, 30 personnes, des hommes, des femmes, des enfants, un bébé, ont péri sous les balles de la barbarie nazie, celles de la division Das Reich de la Waffen-SS qui a quitté la terre de France en multipliant les pillages et les crimes de sang contre l’humanité.
A Marsoulas, 27 civils ont été assassinés en réplique à une embuscade avortée de deux résistants dont l’un, 31 ans, a été tué dans l’escarmouche, tandis que l’autre, 16 ans, blessé, a réussi à s’échapper du village voué aux représailles.
Les familles marsoulasiennes Audoubert, Barbe, Barthet, Carbo, Castex, Cazenave, Dedieu, Edmond, Fulbert, Saffon ont été décimées : neuf hommes de 40 à 55 ans, 9 femmes de 17 à 55 ans, neuf enfants : Thérèse Dedieu 14 ans, Yves Saffon 14 ans, Suzanne Audoubert 13 ans, Micheline Saffon 12 ans, Jacques Fulbert 5 ans, Claude et Michel Barbe 5 ans, Mauricette Fulbert 2 ans, Christian Saffon 3 mois.
A Betchat, à 2 kilomètres de Marsoulas, Jean-Marie Rives 69 ans a été tué alors qu’il tentait désespérément de sauver le bétail de sa ferme en feu, Jean-Marie Joube 66 ans a été abattu devant chez lui, et le maquisard Pierre Sergeant, 21 ans, a été fusillé dans un pré.
Le samedi 10 juin 1944, 57 personnes ont péri sous les balles SS, entre Comminges, Couserans et Volvestre…Les auteurs des massacres ne furent par la suite jamais inquiétés.
Ce samedi 8 juin 2024, le 80ème anniversaire de cette sauvagerie débridée a donné lieu à deux commémorations, solennelles et émouvantes, d’abord à Marsoulas, puis à Betchat, en présence des autorités civiles et militaires de la Région, du Département et des deux localités; en présence d’enfants des écoles et d’élèves du lycée agricole de Saint Gaudens, en présence d’une foule qui comptait nombre de descendants des familles décimées, comme le maire de Marsoulas Alexandre Ader, l’ancien maire du village Jean-Pierre Blanc ou Laurent Saffon et sa fille Charlotte, 15 ans et porte-drapeau en mémoire de ses parents assassinés.
Précédés d’une colonne d’anciens combattants porte-drapeaux, tous se sont rendus en cortège sur les tombes des victimes pour s’y recueillir, avant de se rassembler devant la stèle mémorielle et d’y écouter les discours, le chant des partisans, la marseillaise et la lecture d’un poème du sous-préfet David Dautresme. C’est ce dernier qui fournit en 1945 au tribunal de Nuremberg les preuves photographiques de la tuerie qu’il avait prises clandestinement.
A Marsoulas et à Betchat, ce samedi 8 juin 2024, Jean Baqué, vétéran commingeois natif de Larcan, 103 ans, était aussi présent. Résistant de la première heure, il fut arrêté par la Gestapo le 15 décembre 1943 à Tarbes, avant de s’évader 5 jours plus tard sous le feu d’une sentinelle SS qui le blessa dans le dos, sans réussir à l’arrêter. Il fut l’un de ces irréductibles qui se sont levés pour éradiquer ce mal absolu que répandait une idéologie nazie invasive.