Le contexte
La petite route touristique des Gorges de la Save, qui serpente sur 2 km entre des falaises le long de la rivière, à cheval sur les communes de Lespugue et Montmaurin, est actuellement interdite au public, par décision du Conseil départemental 31en juillet dernier pour des raisons de sécurité. De potentielles chutes de pierre mettraient les promeneurs en danger. Sous l’impulsion du mouvement de contestation généré par cette annonce dans la population locale, un collectif s’est constitué, Sauvegarde des Gorges de la Save, présidé par la préhistorienne Nathalie Rouquerol. Le collectif met en place des actions pour trouver des solutions et restituer aux Commingeois cet endroit qui leur est cher. Une réunion a été organisée lundi 23 septembre au Centre administratif Départemental de Saint-Gaudens.
Réunion des élus
Maryse Vezat-Baronia, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’Aménagement et du Développement des territoires, et Loïc Gojard, conseiller départemental en charge du Tourisme, ont reçu Jean-François Foix, maire de Lespugue, Gabriel Amiel, maire de Montmaurin, Nathalie Rouquerol, présidente du Collectif de Sauvegarde des Gorges de la Save, Philippe Brillaud, vice-président de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux du Comminges (5C), Céline Laurenties Barrère et Jean-Yves Duclos, conseillers départementaux du canton de Saint-Gaudens, en présence de Jean-François Albarel-Lucena, secrétaire général de la sous-préfecture de Saint-Gaudens, de Grégoire Gautier, représentant la Direction Départementale des Territoires et des représentants du Bureau d’études Ginger. Après la diffusion d’une rétrospective chronologique du projet et des différentes études de 2006 à 2023, il a été évoqué la responsabilité des élus dans ce dossier épineux.
Sécuriser ou déclasser ?
Jimmy Puiraymond, du cabinet Ginger, a estimé à 1,5 millions d’euros la sécurisation d’une partie de la route sur 1km, le reste coûterait environ 500 000€. Les travaux comprendraient soit des purges de pierres, soit la pose de clous sur des filets, des accroches avec câbles, des fixations de roches avec béton injecté, etc. « Cette étude étant en quelque sorte une étude de faisabilité, commente Nathalie Rouquerol, il faudrait maintenant ajouter une nouvelle étude pour la réalisation avec son devis de travaux. Il conviendrait donc de prévoir également la dépense de maîtrise d’œuvre (comme l’architecte pour une maison), une étude environnementale et bien sûr une étude pour la valorisation globale ensuite… Une addition extraordinaire à financer, qui pose la question du commanditaire maître d’ouvrage. »
Autre solution, le Département a proposé de déclasser la route et la rétrocéder soit aux communes concernées, Lespugue et Montmaurin, soit à la Communauté 5C. « Le Département s’engagerait alors sur une partie seulement de la facture d’études et travaux, ce qui nécessiterait de monter un dossier de financement par d’autres collectivités, l’Etat, l’Europe, Région, … Le tronçon le plus atteint et donc le plus coûteux à sécuriser, c’est-à-dire à peu près la moitié du parcours, serait alors « sanctuarisé ». Mais ce terme recouvre en réalité une interdiction. »
Enfin concernant la propriété, côté Montmaurin, sur une parcelle d’un hectare environ, une étude diligentée par le CD31 conclut à une importante dépense de sécurisation de la partie arrière des granges. Le Département propose soit une démolition partielle, soit une démolition totale sauf le petit gîte, soit une rétrocession aux communes.
La mairie de Lespugue n’ayant pas été destinataire des comptes-rendus des 2 études menées depuis 2006, le maire Jean-François Foix a demandé une copie de ces documents. Madame Vézat-Baronia s’est engagée à les lui fournir.
Le mur restera là…
Au nom du Collectif Sauvegarde des Gorges de la Save, Nathalie Rouquerol prend la parole pour demander le retrait immédiat du mur et des grilles aux extrémités du passage. Elle propose de placer une signalétique d’avertissement aux promeneurs, ainsi que cela se fait sur de nombreux sites en France, par exemple sur tout le littoral breton. Les représentants du service des Routes départementales a opposé un refus à cette demande. « Pour moi, affirme Nathalie Rouquerol, la dégradation des gorges est surtout le résultat de la fermeture du site depuis 2018 et l’abandon de l’entretien. Des embâcles sur la rivière aggravent le risque d’inondation, les chutes d’arbres entraînent des rochers et les plantes invasives ont colonisé toutes les berges. »
Selon le Collectif, l’addition totale présentée est démesurée, et surtout, les méthodes de sécurisation proposées par Ginger sont incompatibles avec l’environnement remarquable du site naturel. Et sans même évoquer son patrimoine archéologique et préhistorique…
« Le seul point qui rassemble tous les intervenants, conclut Nathalie Rouquerol, est que cette voie ne peut plus accueillir la circulation des véhicules. Dans les circonstances actuelles de restriction budgétaire, une telle dépense paraît impossible à mobiliser. Par expérience, on sait que les dépenses de maîtrise d’œuvre, de suivi des travaux et d’études en tous genres, finissent par multiplier à peu près par deux la facture prévue initialement. Les mesures de prévention et sécurité prescrites par Ginger sont avancées sans tenir compte de l’environnement, comme l’a indiqué le représentant de l’entreprise. Or nous sommes sur un site fragile, archéologique, naturel, classé. C’est essentiel. »
Le Conseil départemental affirme dans son communiqué que « l’objectif était de trouver les meilleures adaptations possibles pour valoriser ce site remarquable. »
La mobilisation du Collectif Sauvegarde des Gorges de la Save reste intacte. Une prochaine réunion est prévue dans le courant du mois de novembre.
Mairie 31350 Lespugue – 06 52 30 91 61