La consternation et la colère se lisaient sur les visages des Aurignacais rassemblés sur la place du Foirail samedi matin 9 novembre pour protester contre la délocalisation du foyer de vie Le Comtal à Boussens. La municipalité, les employés, les familles de résidents avait initié cette manifestation pacifique mais déterminée, rejoints par de nombreux sympathisants. Le foyer, installé sur le site de Joulin, est géré par l’AGAPEI, association parentale. Il accueille 47 résidents au titre de leur vulnérabilité cognitive et/ou psychique, et compte 51 salariés.
Le maire Jean-Michel Losego commente au micro de Petite République.com : « La délocalisation est due à la vétusté du bâtiment et on peut comprendre aussi, qu’après 45 ans, il ne corresponde plus exactement au fonctionnement médico-social d’aujourd’hui. Plutôt que de moderniser et rajouter des unités, l’AgaPei préfère délocaliser à Boussens. Mais quitte à reconstruire, pourquoi ne pas le faire à Aurignac, village d’accueil depuis des décennies, plutôt qu’à 20 km de là ? »
La commune avait fait des efforts considérables depuis 2016 pour conserver le foyer en proposant un nouveau site, mais le dossier dormait, sans réponse. Et c’est par le président du Conseil Départemental du handicap -et non par l’AgaPei, décisionnaire- que la nouvelle a été annoncée. Le projet aurignacais est déclaré caduc et sans suite et le foyer partira à Boussens. Séisme dans le territoire, auquel s’ajoute la « sidération devant les attitudes méprisantes envers les parties engagées au même projet (les usagers et leurs familles, les salariés et la Municipalité d’Aurignac) et l’absence de toute considération et respect de procédure. »
« Le Comtal est l’un des deux plus gros employeurs, déplore Jean-Michel Losego, il représente environ un quart des emplois sur la commune. Sans compter l’activité économique locale qui sera impactée par ce départ. Nous sommes propriétaire du bâtiment mais ne gérions pas le foyer, peut-être aurait-il fallu faire évoluer cette situation plutôt que d’attendre et d’en arriver là. Et la ville a l’habitude de voir les résidents et de les inclure dans la vie locale, ainsi que les salariés qui y travaillent. » Régis Farré, représentant des salariés, a souligné pour la foule rassemblée les risques sécuritaires dans le nouveau site de Boussens, la proximité de la voie ferrée, risques d’inondation, les risques industriels (site Seveso à proximité, transports de marchandises dangereuses), etc.
Il reste de l’espoir selon Jean-Michel Losego. La délocalisation n’étant pas officiellement actée, il est encore possible d’agir « contre une décision prise par quelques personnes de l’AgaPei, qui voient les choses de loin… » Une réunion a eu lieu la semaine dernière entre le président du Conseil départemental et le maire, pour réfléchir à des solutions. « Nous continuerons à nous battre. »