Un Conseil Municipal normal à Estadens, une pédagogie active sur un exercice singulier de la Démocratie.
Un peu plus d’une soixantaine de personnes étaient postés à l’entrée de la mairie, ce mardi 17 septembre. Boissons chaudes, beignets et autres friandises, le rituel de l’expression des pancartes et les groupes de discussions animées traduisaient une ambiance paisiblement chaleureuse. Trois véhicules de gendarmerie ont garanti aimablement les croisements des « pour & contre » du projet d’usine au Cap d’Arbon.
Quelques personnes ont été autorisées à assister au déroulement du Conseil. Le Maire Robert Martin rompu à l’exercice a invité les auditeurs présents à s’exprimer avant la séance. La stratégie des interventions pouvait surprendre. Elle pouvait sembler décalée, comparée à l’importance de la mobilisation des gents restés dehors. L’intention des interventions était ostensiblement sur le registre de la bienveillance, exprimant le regret de la division du village, malgré la tonalité offensive d’un conseillé : « T’es un nouvel habitant ! ». Devant l’évidence du registre conflictuel, le Maire a mis un terme au dérapage. L’intervenant a rappelé qu’il vit dans la commune depuis quinze ans, après avoir repris la maison de ses parents. Après l’intervention de ces deux habitants, dans la posture ouverte d’appel à sortir de l’esprit de division, il a été demandé au Conseil Municipal d’organiser une réunion publique dans l’esprit de la Démocratie participative.
Deux sujets furent traités, reliés sur le fond, au-delà de l’ordre du jour sur les questions locales courantes.
- L’usine au Cap d’Arbon classée ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement). Le Maire évoque la réunion préparatoire sur le sujet au Conseil précédent où la question de l’usine a été discutée longuement. Il précise que le vote porte sur la demande d’enregistrement pour la production de buches densifiées : « Il n’est pas question de diverger sur l’avis que l’on fera passer au Préfet». Lecture de la délibération concernant le permis de construire : « Le Préfet a pris un arrêté le 28 octobre 2024 pour ouvrir une consultation au public du 19 novembre au 17 décembre, la consultation étant close à 17h. Le Préfet demande au Conseil municipal de donner son avis. Je précise que cette consultation se fait dans les communes situées à 1km de l’implantation, Ganties et Couret. Pour la délibération, j’ai repris exactement les termes de la demande d’enregistrement ». Le Maire rappelle que la norme ICPE est applicable à l’installation, et précise à ce titre que l’entreprise est conforme en tous points à la norme, et énumère les points en question. Il poursuit : « L’implantation est une réelle opportunité. Le projet est conforme aux objectifs du territoire ». Après avoir fait lecture des points de conformité de l’implantation de l’usine, le document a été soumis à l’approbation du Conseil. Un conseillé s’y est opposé : « On prend le dossier Cimaj un peu comme de l’argent comptant. C’est dommage de ne pas y amener une réflexion un peu plus profonde, ne pas donner un chèque en blanc à Cimaj. Je ne peux pas être d’accord tel que c’est présenté de cette façon ». Soumis au vote, le texte est adopté à la majorité.
- l’appel aux municipalités de recensement des emplacements disponibles dans le cadre de la transition énergétique : « Les communes on a la possibilité de définir des zones d’accélération pour la production d’énergies renouvelables. Je ne suis pas convaincu de l’intérêt. C’est soi-disant accélérer sur des zones que l’on va définir. Ça concerne les grosses unités, les bâtiments agricoles », « Il y aurait des possibilités (installer des panneaux photovoltaïques) sur la zone d’activité du Cap d’Arbon et l’emplacement de l’ancienne décharge. Je vous demande de définir les zones d’accélération et de notifier ces propositions pour les envoyer aux autorités concernées ».
La question de la transition énergétique s’impose objectivement dans la perspective de l’épuisement à terme des énergies fossiles, avec le problème écologique par le fait industriel de l’extraction et de la transformation en carburant. Le recensement des espaces disponibles pour l’implantation de capteurs solaires ou d’éoliennes s’est imposé aux autorités comme une évidence. Le sujet débattu autour des beignets suggérait : « La forêt est une ressource renouvelable, mais elle met combien de temps à se reconstituer ? », « On va transformer nos prés en champs photovoltaïques ? ».
A la demande du collectif d’une possibilité de débattre, le Maire : « Ce problème a divisé la commune. C’est normal, il y a les « pour » et les « contre ». C’est le rôle du Maire et du Conseil municipal de faire en sorte que tout le monde vive bien sur la commune. Il faudra trouver une solution pour recoller les morceaux. On parlera de ça au prochain Conseil municipal. Quelque soit la suite des événements il faudra se réconcilier ce qui a été cassé, ce qui me fait le plus mal dans cette histoire. Des habitants disent ne plus reconnaitre leur village. Si vous vous aimez votre village, moi comme d’autres qui y sont nés, on l’aime encore plus ».