Toulouse, ville de paix et de tolérance : Lettre ouverte au Maire de Toulouse
Monsieur le Maire,
Toulouse est une terre d’accueil, de fraternité et de paix. Elle a accueilli des réfugiés de la Retirada espagnole, s’est illustrée par son rôle dans la Résistance, et continue de manifester une grande générosité envers ceux qui fuient les conflits et les persécutions. Dans ce contexte, la solidarité avec tous les peuples s’est toujours exprimée et doit pouvoir continuer à le faire, au-delà des orientations politiques municipales.La solidarité ne se trie pas, et celle envers le peuple palestinien ne peut être interdite ou attaquée à Toulouse. Nous sommes inquiets des attaques et provocations de la majorité municipale à ce sujet.
Liée à Tel Aviv par un jumelage et à Ramallah par un accord de coopération, notre ville a toujours exprimé sa solidarité envers les deux peuples et prôné la fin du conflit dans le respect du droit international. Face au terrorisme du Hamas et aux bombardements massifs de Tsahal, la population toulousaine a exprimé son horreur et sa solidarité. Si l’acte terroriste du Hamas nous a mobilisé, les dizaines de milliers de morts palestiniens en majorité des femmes et des enfants suscitent une colère, une indignation et une mobilisation qui est justifié face à l’horreur des actes commis. Dans un moment où la paix pourrait être proche, il est nécessaire d’intensifier la solidarité avec les habitants de Gaza. La situation est intolérable, inacceptable et inhumaine.
Dans ce contexte, les élus communistes de la Région Occitanie souhaitent vous interpeller quant à votre décision d’interdire l’exposition « We did what we could » de l’ONG Médecins Sans Frontières, prévue dans le cadre du Festival Cinéma et Droits de l’Homme 2025 à l’Espace Diversités Laïcité de Toulouse. Cette décision nous consterne et nous pousse à réagir.
Votre justification, invoquant un risque de trouble à l’ordre public, nous semble peu recevable. La censure ne peut être un substitut aux dispositifs de prévention. Il appartient à la préfecture et à la mairie de garantir la tenue des événements dans le respect des principes démocratiques. Vous auriez pu, en lien avec la préfecture et les organisateurs, assurer le bon déroulement de cette manifestation. Récemment, la Région Occitanie a montré qu’il était possible d’organiser une commémoration d’ampleur sur Charlie Hebdo, dans un contexte de plan Vigipirate renforcé, afin d’honorer la mémoire des victimes des attentats et de rappeler que la liberté d’expression est une valeur fondamentale de notre République.
Par ailleurs, cette décision contredit l’esprit des engagements internationaux de notre ville. En tant que signataire d’accords de coopération avec Ramallah et Tel Aviv, Toulouse porte un message d’amitié et de paix. Pourtant, ce message est entaché par la censure et la criminalisation des voix qui dénoncent les atrocités subies par le peuple palestinien, alors que Médecins Sans Frontières agit dans un cadre humanitaire, impartial et neutre.
Cette interdiction contribue à durcir le débat public sur la question palestinienne et nourrit les discours de haine et de peur, faisant ainsi le jeu de l’extrême droite. En privant les Toulousaines et les Toulousains de cette exposition, vous participez à cacher la réalité d’un peuple, à sa déshumanisation, et freinez tout effort de construction d’une paix juste et durable.
Nous tenons à exprimer notre plein soutien à Médecins Sans Frontières et à l’ensemble des organisations locales mobilisées pour dénoncer cette interdiction, notamment les 30 associations qui ont signé une lettre ouverte sur ce sujet, aux côtés du PCF31 et du MJCF31.
Face à cette situation, nous souhaitons, si Médecins Sans Frontières en est d’accord, que l’exposition puisse finalement se tenir à Toulouse, dans un lieu respectant à la fois la sécurité et la liberté d’expression. Nous sommes prêts à envisager d’autres formes d’expression publique qui rendraient compte de la réalité de la guerre à Gaza et en Palestine.
Enfin, nous souhaitons rappeler que la trêve signée à Gaza doit être la première étape vers une solution politique à deux États coexistant en paix et en sécurité. En mai 2024, vous-même avez appelé à la construction d’un État palestinien souverain et exhorté à la fin des violences. Aujourd’hui, il est temps que Toulouse porte une expression forte pour la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, en cohérence avec cet engagement.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de notre salutation distinguée.
Pierre Lacaze, Carole Hoffmann et Jérôme Monamy Conseillers régionaux de Haute-Garonne