Une figure commingeoise de la Résistance s’est éclipsée. Jean Baqué est mort. Il est décédé ce mercredi 26 février. Il était né en 1921 et il aurait eu 104 ans ce dimanche 2 mars 2025. Le lendemain, lundi 3 mars, ses obsèques auront lieu à Larcan, ce village du territoire saint-gaudinois où il était né.
Jean Baqué était l’un des derniers (peut-être le dernier) survivants de la Résistance pyrénéenne face à la soldatesque de l’Allemagne nazie, celle de la sinistre Division SS Das Reich. L’an dernier, Jean Baqué se déplaçait encore dans les établissements scolaires commingeois pour évoquer cette tragique période de l’histoire. Il transmettait avec beaucoup d’humilité et d’élégance, l’esprit vif et les souvenirs intacts, la mémoire des évènements qu’il avait personnellement vécus.
Il fut arrêté le 15 décembre 1943 à Tarbes par la Gestapo, et fait prisonnier dans un hôtel occupé par l’armée allemande. Cinq jours plus tard, le 20 décembre, à l’occasion d’une corvée de bois qui lui était imposée par ses geôliers, il avait bousculé la sentinelle qui le surveillait et s’était échappé sous les tirs d’un officier qui l’avait poursuivi en vain.
Néanmoins touché et blessé, il avait pédalé une quinzaine de kilomètres sur un vélo chapardé pour retrouver un camarade résistant qui l’a caché et fait soigner clandestinement par un médecin. Une fois rétabli, il s’était fondu dans la campagne commingeoise, du coté de Larcan, pour reprendre ses activités au sein de la Résistance.
Après 1945, il avait effectué une carrière militaire jusqu’en 1959, au sein de la Légion Étrangère, puis dans un Régiment du Train, et enfin au ministère, à la Direction du Personnel de l’Armée de Terre. A partir de 1960, il a travaillé comme responsable des transports dans une société métallurgique de la région parisienne. Il a pris sa retraite en 1984 pour revenir en Comminges et s’installer à Saint-Gaudens. Il s’est alors investi dans la vie associative locale, notamment avec les Chanteurs du Comminges dont il a exercé la présidence de 1998 à 2016. Il avait alors 95 ans.
L’occupant chassé, Jean Baqué avait refusé en 1944 la médaille de la Résistance pour ne pas être assimilé aux résistants de la vingt-cinquième heure qui en étaient aussi gratifiés. En 2023, il avait été reçu et élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur. Une ultime distinction pour celui qui fut un homme de courage, de tempérament, et d’honneur. Il a laissé dans l’esprit de ses contemporains la profonde empreinte d’un authentique gentilhomme.
Lundi 3 mars, 14h30, église de Larcan (Haute Garonne), obsèques de Jean Baqué.
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