Toulouse : la station Mir rouvre à la Cité de l’Espace

crédit : Rachel Tlemsani

À Toulouse, la Cité de l’Espace a inauguré une nouvelle version immersive de l’exposition de la station spatiale Mir. Cette renaissance est portée par une marraine d’exception : Claudie Haigneré, première astronaute française à y avoir séjourné. Accessible depuis le 12 avril, la Cité de l’espace propose une visite guidée de la station russe.

Construite dans les années 1970, en pleine course à l’espace face aux États-Unis, la station Mir est le fruit d’un objectif ambitieux de l’URSS : créer une station spatiale multimodulaire pour maintenir une présence humaine permanente dans l’espace. Mission accomplie. De 1986 à 2001, des astronautes russes, américains, européens s’y sont relayés, ouvrant la voie à la coopération internationale dans l’espace. Jusqu’à ce qu’un accident, endommageant la station à 30 %, précipite sa désorbitation en 2001.

C’est à ce moment-là que Toulouse a récupéré une partie de cette histoire. Des prototypes de modules ont été récupérés, et la Cité de l’Espace en est devenue détentrice. Aujourd’hui, un travail de reconstitution et de scénographie permet au public de découvrir la station dans des conditions proches de celles vécues par les astronautes. Jean-Claude Dardelet, président de la Cité de l’Espace, insiste sur la dimension internationale de la Cité de l’espace. La réouverture de l’exposition de la station russe en est donc le reflet. Il précise : « On accueille ici des artefacts de Shang-Di, de Chine. Des poussières de robut de la JAXA japonaise, des objets américains, européens… C’est une Cité internationale. »

La station Mir vue de l’extérieur

Immersion au cœur de la station

Dès l’entrée, le ton est donné : décompte en russe, vibrations sonores, sensations physiques simulées… On est propulsé dans l’espace. Le premier module, le cœur de vie de la station, dévoile la routine des astronautes, leur quotidien, leurs repas, leurs discussions… Tout cela dans un fond sonore de voix françaises, anglaises et russes. Plus loin, le module Crystal révèle les expériences scientifiques à bord. On y découvre les recherches sur les plantes, les effets de l’apesanteur sur le corps humain. Ensuite vient le module hygiène, étonnamment équipé d’une douche, d’un sauna et d’un sas d’accès aux sorties extravéhiculaires. On y aperçoit un scaphandre prêt à servir.

En fin de parcours, des panneaux explicatifs reviennent sur la fin de la station Mir. Sa désorbitation contrôlée en 2001, s’est faite vers le point Nemo, la zone la plus isolée de la Terre dans les profondeurs de l’océan Pacifique.

De l’espace à la mémoire : Claudie Haigneré, marraine de Mir

Marraine historique de la station Mir à la Cité de l’Espace, Claudie Haigneré était naturellement présente pour l’inauguration. En 1996, elle devient la première astronaute française à bord de Mir, dans le cadre de la mission franco-russe Cassiopée. C’est lors de cette même mission que Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse, lui propose d’être la marraine de la Cité de l’espace. Scientifique reconnue, rhumatologue de formation, elle s’est ensuite investie dans la politique en devenant ministre déléguée à la Recherche et aux Affaires européennes, puis présidente d’Universcience.

Face à la nouvelle mise en scène immersive de sa station, son émotion était palpable : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on l’a remis dans un contexte avec des marques historiques et des marques opérationnelles bien précises  […] je revis une aventure de vie, une aventure humaine. Pas simplement la partie scientifique et les expériences réalisées à bord, là c’est la circulation, les endroits où on mangeait, où on échangeait, où on était en contact avec le sol. C’est une jolie nostalgie.», souligne-t-elle.

Claudie Haigneré, le 11/04/2025, qui intervient sur son rôle de marraine de la Cité de l’Espace

Pour Claudie Haigneré, cette reconstitution est un moyen puissant de transmission envers la jeunesse. Découvrir comment on travaillait et vivait ensemble au siècle dernier. Selon elle, c’est bien remis au goût du jour, de l’époque. A son époque, les recherches n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui, on peut voir dans le module réservé aux expériences. Claudie Haigneré estime qu’à travers la visite de la station, il est possible de mesurer l’évolution des enjeux scientifiques. Elle ajoute : « Au siècle dernier, le type de recherche qu’on faisait était plutôt descriptif, on se disait : « Ah oui, ça, c’est pas comme sur Terre ». Aujourd’hui, on est vraiment dans les processus profonds de la recherche, comme le séquençage d’ADN, l’évolution de la recherche et des enjeux. » À travers l’exposition Mir, c’est tout un héritage spatial, scientifique et humain qui reprend vie.

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