Le regard bleu sous la frange brune, Marie Pénétro caresse l’ourse de marbre qu’elle a sculptée dans son atelier de Lombez, à la Ramondère.
L’animal de pierre pâle, tout en rondeurs satinées, est posé sur une stèle dans la salle de la chapelle des pénitents blancs de Monléon Magnoac où elle expose jusqu’au 22 août. Elle en est l’invitée d’honneur et partage le lieu avec 7 autres sculpteurs de la région. Près de l’ourse, plusieurs bustes captent le regard : des visages fascinants, un indien buriné, un vieil homme pensif, deux bustes saisissants de Frida Calo et de Camille Claudel, qui semblent frémir de vie, suspendus entre deux éternités. La contemplation s’impose. Depuis 25 ans, Marie Pénétro est peintre et sculptrice autodidacte et en a fait sa profession. Elle se partage entre le Gers et la Haute-Garonne où elle réside, dans le village montagnard de Fos, près de la frontière espagnole. Elle fait aussi de la restauration d’œuvres d’art patrimoniales. Dans son atelier où elle crée et expose, elle donne des cours, transmettant son savoir de façon informelle et ludique à ses élèves, « surtout, précise-t-elle, pour accompagner leurs envies. »
LPR : Quelles sont vos inspirations ?
« Ma spécialité si je puis dire, ce que j’adore faire, ce sont les portraits, des visages, des bustes. Je les crée d’après des modèles ou ils sortent de mon imagination. Mes inspiratrices sont Frida Calo, grâce à qui j’ai découvert la peinture, et Camille Claudel, qui me fascine elle aussi. Ces deux femmes, par leur parcours de vie, leur personnalité, leur immense talent, sont des icônes, des météores. »
LPR : Comment êtes-vous venue à la sculpture ?
« D’abord peintre, j’ai découvert le modelage et la sculpture presque par nécessité, comme un prolongement logique de la couleur sur la toile. Passer aux volumes, aux trois dimensions, est pour moi une évolution mais c’est aussi une évolution pour ma peinture. Je la nourris de mes expériences tactiles avec la matière. J’interagis dans les deux disciplines, avec des dessins et esquisses de mes bustes. »
LPR : Que ressentez-vous quand vous sculptez ?
« Un vrai bonheur (rire). C’est un art sensuel, tactile, presque magique. L’esprit guide les mains, de la matière brute sort un objet qui prend vie, comme une naissance. Mon matériau de prédilection c’est l’argile, la terre, que l’on pétrit et manipule, génératrice de sensations. J’aime le marbre aussi, le rapport à la matière est différent, c’est plus froid, plus intellectualisé. J’ai toujours un attachement profond pour mes créations. J’ai la chance de vivre de ma passion. Voyez-vous, pour moi pas de notion de vacances ou de week-end, quand on est artiste on l’est 365 jours par an, et se lever le matin pour faire ce que l’on aime, c’est vraiment formidable. Je ne peux m’en passer. »
Exposition Terre et pierre du Magnoac, jusqu’au 22 août, chapelle des pénitents blancs, Monléon Magnoac.