Les harkis, français d’Algérie rapatriés

Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives ce samedi 25 septembre à Saint Gaudens, 59 ans après la fin de la guerre d’Algérie, 5 jours après la demande de pardon qui leur a été faite par le président de la République. Un président qui a annoncé ce 20 septembre une loi de « reconnaissance et de réparation ».

Les harkis sont ces anciens combattants français (jusqu’à 200 000 hommes) recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant le conflit qui embrasa l’Algérie de 1954 à 1962.

Abandonnés et pourchassés en Algérie

Abandonnés par l’armée française sur un territoire devenu algérien lors de l’indépendance proclamée le 5 juillet 1962, ce sont près de 70 000 soldats qui se sont alors retrouvés désarmés et privés de leur nationalité française. Ils ont été pourchassés et pour certains massacrés.

Exilés en France ?

Dans son message (lu ce samedi 25 septembre par la sous-préfète Marie-Paule Demiguel, lors de la cérémonie d’hommage à Saint Gaudens), Geneviève Darrieussecq, ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants, écrit: « Pour les harkis et leurs familles qui parvinrent à éviter les exactions, ce fut le déchirement et l’exil (…) En France, ils furent nombreux à souffrir du déracinement, de la précarité et d’une marginalisation inacceptable ».

Des conditions d’accueil indignes

La minorité rapatriée en métropole (45 000 familles) a été parquée des années durant derrière des barbelés dans le Massif central, sur le Larzac ou dans les Pyrénées orientales, dans des « camps de transit et de reclassement»  fermés et surveillés, avec des conditions de vie indignes et durablement traumatisantes . Certaines familles se sont retrouvées dans d’anciennes prisons comme à Bias dans le Lot et Garonne ou Saint Maurice-L’Ardoise dans le Gard…

Reconnaissance et demande de pardon

Les harkis sont pourtant des français qui ont décidé de le rester : «Les harkis ont été, ont toujours été et sont des français, par le sang versé, les combats choisis et leur naissance (…) Face à ceux qui l’avaient loyalement servi, notre pays n’a été fidèle ni à son Histoire ni à ses valeurs (…) Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon. Nous n’oublierons pas», a affirmé le président de la République.

Le président de la République a annoncé la présentation « avant la fin de l’année d’un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis« . Cette loi devrait mettre en place une commission nationale pour notamment estimer les demandes de réparation des anciens combattants toujours vivants (leur nombre est estimé à 3000), de leurs enfants et petits-enfants qui vivent dans la précarité.

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Dans son message de ce 25 septembre, Geneviève Darrieussecq écrit aussi : « Le travail de reconnaissance et de réparation franchit une étape essentielle ». Le bon départ de cette étape ne serait-il pas de ne plus considérer que les harkis sont venus en « exil » dans leur propre pays ? Ce sont des français d’Algérie rapatriés.

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