Le « Collectif laïque national », suite du « Collectif laïque » créé en 2011, est un regroupement informel d’obédiences maçonniques et d’associations agissant pour la laïcité et les droits de l’Homme. Il vient de rappeler à l’ordre le ministre de l’éducation nationale et de sa fausse vision sur la laïcité.
Le ministère de l’éducation nationale vient de lancer une campagne d’affiches censées promouvoir la laïcité de l’école publique. On y voit des élèves aux couleurs de peau et prénoms volontairement divers dans différentes situations (classe, piscine, éducation physique, bibliothèque, récréation). Les images, exprimant la joie d’être ensemble, sont supposées illustrer le slogan : « C’est ça, la laïcité ».
Or la laïcité n’est en aucun cas la simple « coexistence », même souriante, d’individus d’origines, de couleurs, de prénoms ou de croyances différents. Ces images font en fait, non sans naïveté, la promotion du « vivre ensemble dans la diversité » : bonnes intentions peut-être, mais qui se trompent de cible. Chaque affiche invite en effet le spectateur à déduire de l’apparence et du prénom des enfants leurs origines, voire leurs croyances : assignations exactement contraires à la laïcité.
Le Collectif laïque national déplore une telle confusion, à l’heure où au contraire, la clarté et la rigueur sur les principes de la République devraient s’imposer, surtout à l’école. Car la laïcité, c’est d’abord la liberté de conscience – concept fondamental non réductible à des images empiriques –, et la séparation de l’État et des cultes. A l’école publique, c’est la neutralité religieuse absolue des programmes et des personnels, ainsi que l’interdiction de tout signe ostensible d’appartenance religieuse des élèves. Vivre la laïcité, c’est d’abord respecter et partager les principes de la République.
Le Collectif rappelle que l’éducation nationale dispose d’un excellent outil pour promouvoir la laïcité auprès des élèves et des familles : la Charte de la Laïcité. Ce texte ne comporte pas d’images – et d’ailleurs, toute illustration (comme celle publiée par la Ligue de l’Enseignement aux éditions Milan) l’appauvrit. En effet, les principes de la Charte ne sont pas réductibles à des icônes. Ils demandent à être expliqués dans le cadre d’une démarche pédagogique conceptuelle, adaptée à l’âge des élèves. C’est le travail des enseignants, mais aussi des bénévoles qualifiés, nombreux dans les associations membres du Collectif : pourquoi ne fait-on plus appel à la « réserve citoyenne » ?
Le Collectif laïque national demande au ministère de l’éducation nationale de retirer ces affiches, qui constituent une erreur de communication, et une faute contre la laïcité.