En 2015, en faisant le choix politique fort de sauver les stations de ski haut garonnaises alors à l’agonie, le conseil départemental faisait le pari de sauver l’économie de nos vallées et de se tourner vers un avenir plein de promesses. Nous avons rencontré Maryse Vezat Baronia, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’Aménagement et du développement des territoires, vice-présidente du syndicat Haute-Garonne Montagne pour faire un point de situation.
Le Département est indispensable à la vie économique des stations, quels ont été les investissements ?
Maryse Vezat Baronia : En 2015, face à la situation financière catastrophique des stations de ski haut-garonnaises et faute de repreneurs privés, le Conseil départemental, en tant qu’aménageur du territoire, a fait le choix de reprendre la gestion des 3 stations de Superbagnères, Le Mourtis et Bourg d’Oueil menacées de fermeture. En créant le syndicat mixte Haute-Garonne Montagne en août 2018 avec la Communauté de communes, le Département a permis d’assurer la survie économique des 3 stations et de sauver plus de 1 000 emplois liées aux stations. Cette nouvelle gouvernance permet aujourd’hui de réaliser les investissements nécessaires, qui sont conséquents, pour mettre à niveau les stations et de mutualiser le fonctionnement, les moyens, le personnel et l’offre touristique. Le Département investit 25 M€ sur 5 ans avec une nouvelle stratégie touristique tournée vers un tourisme 4 saisons responsable, qui doit offrir un avenir durable aux zones de montagne haut-garonnaises. Depuis 3 ans, le Département met en œuvre les moyens nécessaires pour sauver les stations haut-garonnaises à court terme et leur permettre d’être viable à moyen et long termes. Notre objectif est de sauver l’économie de montagne nécessaire à l’équilibre du territoire et au maintien de l’emploi local, en partenariat avec les collectivités, les élus locaux et les acteurs économiques.
– Les skieurs sont de retour ?
Maryse Vezat Baronia : Après deux années sinistrées, 3 années d’investissements importants et de modernisation des équipements, l’affluence record que connaissent les stations en ce début de saison est une excellente nouvelle. Plus de 7 M€ ont été investis depuis 2018 sur les 3 stations, pour la sécurisation et l’amélioration des domaines skiables, la modernisation du réseau de neige de culture, les billetteries automatisées, le renouvellement du parc de dameuses de Superbagnères, la création de nouveaux parcours de ski de randonnées et de nouvelles activités, etc. En reprenant ces stations déjà en grande difficulté, nous savions vers quoi nous nous engagions. Le syndicat mixte a absorbé les dettes (6 M€) afin de prendre un nouveau départ. Le Conseil départemental était tout à fait conscient qu’il y aurait encore des années difficiles, ces stations de moyenne altitude sont impactées un peu plus chaque année par le réchauffement climatique et l’enneigement aléatoire. La crise sanitaire s’est ajoutée à cette conjoncture, en nous exposant à de nouvelles pertes mais la bonne gestion du Conseil départemental nous permet de faire face.
– Forte affluence, surdimensionnée pendant ces vacances, comment adaptez-vous le système ?
Maryse Vezat Baronia : Chacune des stations travaille pour s’adapter aux nouvelles affluences de touristes, en période hiver, comme en été, puisque nous travaillons sur 4 saisons désormais. L’année dernière, avec la fermeture imposée des remontées mécaniques, nous avons accueilli de nouveaux publics attirés par la montagne pour d’autres motivations que le ski : la randonnée, la balade, la luge, les raquettes…
Nous menons les investissements nécessaires pour répondre à ces nouvelles attentes et pour faire face à l’augmentation et à la diversification de la fréquentation : propositions de réservation simplifiés, retraits de tickets automatiques… Aujourd’hui, il est possible de skier sur les 3 stations avec une seule carte saison, c’est une grande nouveauté et avancée. Nos équipes doivent également faire face à des protocoles sanitaires changeants, qui modifient notre organisation mais respecte la santé de chacun sur nos domaines skiables. Notre effectif est au complet mais le rebond de l’épidémie entraine des absences de personnel, parfois à la dernière minute et nous devons nous adapter au jour le jour avec des difficultés pour recruter. Nous employons sur cette saison 143 salariés au total dont 29 salariés permanents, 114 salariés saisonniers sur les 3 stations.
Quels sont les futurs projets d’aménagement sur les stations ?
Maryse Vezat Baronia : Le plan d’investissements annoncé concerne les 3 stations. Le projet d’envergure est le remplacement de la télécabine de Luchon, qui deviendra la Crémaillère Express. Le chantier de ce nouvel équipement tant attendu démarrera en avril, après la saison hiver et devrait être en fonctionnement pour la saison hiver 2022-2023. La modernisation de cet équipement, qui a plus de 30 ans, est indispensable au développement de Superbagnères pour un tourisme 4 saisons. Il pourra transporter 10 personnes par cabine (contre 5 actuellement), les vélos, brancards (évacuation des blessés) et les personnes à mobilité réduite, depuis la ville de Bagnères-de-Luchon jusqu’au plateau de Superbagnères, en moins de 8 minutes, contre 15’ actuellement. Cela représente un investissement de 18 M€, co-financé à 61 % par le Département (11 M€) et par le syndicat Haute- Garonne Montagne pour un montant de (1 M€) + 6 M€ (Région, État) et la Communauté de communes des Pyrénées haut-garonnaises.
Cette infrastructure de pointe permettra à la fois d’assurer la sécurité et le confort des utilisateurs comme de diminuer la circulation automobile sur les routes de montagne afin de préserver l’environnement.
De nouveaux aménagements ont également été réalisées sur le Mourtis et Bourg d’Oueil pour cette saison. Des études sur le développement de ces 2 stations ont été lancées par Haute-Garonne Montagne et Haute-Garonne Ingénierie. Ces schémas doivent constituer une base de discussion, une première étape vers la requalification, la diversification et la valorisation de la station du Mourtis. Elle fera l’objet d’un plan d’investissements à bâtir sur 15 ans, avec des enjeux identifiés. »
En prenant en compte les contraintes sanitaires qui incluent l’absentéisme des personnels, les difficultés de recrutement et les retours d’expériences réguliers qui mettent en relief des pratiques évoluables, le syndicat SMO fait preuve d’adaptabilité pour optimiser les fonctionnements en s’adaptant au fur et à mesure. Tout faire pour satisfaire les très nombreux touristes qui ont déferlé sur nos stations haut garonnaises est la règle d’or.