« Notre surprise est à la hauteur de notre déception… ». Les enseignants de la section professionnelle du Lycée Martin Malvy ne cachent pas leur désapprobation au lendemain de la décision prise par la Direction Régionale Académique à la Formation Professionnelle Initiale Continue et à l’Apprentissage (DRAFPICA), en accord avec les services de la Région : la formation de Brevet des Métiers d’Art (BMA) en céramique ne serait pas ouverte au lycée Malvy à la rentrée 2022. Ce jeudi, ils ont décidé de rejoindre le mouvement de grève national pour montrer à leur désaccord après cette nouvelle.
Ils nous expliquent leurs motivations : « Les discours politiques et les informations provenant de l’autorité académique qui nous sont parvenus depuis l’ouverture de notre établissement (en septembre 2020) semblaient correspondre à une feuille de route visant à faire du lycée Malvy « le lycée de la céramique en Occitanie ». Cette feuille de route avait pour objectif d’ouvrir une formation de niveau 5, le CAP « Modèles et moules » qui s’ajouterait aux 2 CAP existants (Tournage en céramique et Décoration sur céramique). Le lycée Malvy serait dans ce cas le seul établissement public de France à proposer les 3 CAP du domaine de la céramique. Ouvrir le BMA en céramique permettrait d’offrir une possibilité de poursuite d’étude vers un niveau 4 aux jeunes titulaires d’un CAP ».
La réalité est toute autre : « Cette décision est d’autant plus difficile à comprendre et à accepter que la demande d’ouverture du CAP « Modèles et moules » nous a été déjà refusée pour la rentrée 2021. L’argument principal développé pour justifier le refus d’ouverture du BMA serait un « manque de moyens d’enseignement » limitant la politique de gestion de la carte des formations à une gestion à « moyens constants », c’est-à-dire une qu’une ouverture doit être compensée par une fermeture : une façon bien singulière de gérer les besoins en formation pour les jeunes de la voie professionnelle… La décision de création de la SEP du lycée Malvy n’a semble-t-il pas fait l’objet d’une réflexion anticipée sur la capacité de l’Education Nationale à la doter de moyens d’enseignements suffisants qui sont nécessaires pour la pérenniser ».
Pourtant, après un an d’ouverture seulement, le CAP Décoration sur céramique voit sa première année de formation remplie avec des élèves montants de 3ème. Quant au CAP Tournage en céramique, il est rempli pour moitié par les montants de 3ème et pour moitié par des adultes sous statut scolaire ou en formation continue avec le GRETA qui suivent la formation sur un an. C’est donc une réussite en termes d’effectifs et de mixité des publics. « Notre équipe dynamique travaille de manière acharnée depuis un an et demi maintenant pour la promotion de cette filière qui suscite un vif intérêt sur notre territoire comme en témoigne les nombreux échanges et partenariats très riches qui ont vu le jour avec bon nombre d’acteurs locaux. Nos élèves bientôt titulaires d’un CAP sont soucieux de pouvoir poursuivre leur formation dans la céramique en augmentant leur niveau de compétences. Leur employabilité dépend en effet de leur niveau de qualification et de leur maturité qui est insuffisante à la sortie du CAP. Les débouchés dans la céramique sont rares au niveau des emplois salariés car les entreprises qui recrutent sont peu nombreuses et se situent sur tout le territoire national ce qui demande une grande mobilité difficile chez des jeunes de 16 ans. Les métiers d’art demandent des compétences approfondies et variées (de création artistique, de gestion, de maîtrise d’une langue étrangère…). L’existence du BMA est donc indispensable pour l’avenir de nos élèves. De plus, celle-ci permettrait une attractivité de la filière céramique beaucoup plus importante ».
La Région Occitanie a beaucoup investi pour les locaux et les équipements dédiés à la céramique qui appartiennent à la Section d’Enseignement Professionnel du lycée Malvy. « Il semblerait que la volonté de promouvoir les métiers d’art sur le territoire régional soit forte. Il serait dommage que cette volonté ne soit pas concrétisée par le développement de cette SEP qui sera fragilisée et qu’il sera difficile de pérenniser si elle reste en l’état, constituée de seulement 2 formations de niveau CAP ».
