Il y a un peu plus de 10 ans André Sacome avait écrit « SAXO » (livre sorti 2011 – épuisé) .
Dans ses pages Saxo nous fait partager les moments importants de sa vie, de sa famille, son amour immodéré pour la montagne, ses origines Pyrénéennes et Larboustoises. Né le 8 Octobre 1937, sa vie « …quelque agréable qu’elle fut, ressemble plus à un torrent de montagne qu’à un long fleuve tranquille. » Comme l’écrit Jean-Claude Sourrouille en préface de son livre « Saxo ».
Saxo une figure, des Pyrénées Centrales, moniteur National de ski, conseiller technique régional Jeunesse et Sports. Très jeune, il admirait déjà François Céréza, qui l’amènera dans ses périples, lui fera découvrir les Alpes, le Club Med. Tous les deux, ils animeront les villages de vacances, les stages montagnes. François dit « Ramonet » sera l’instigateur et le directeur des Ecoles de Ski du Club Méditerranée, très tôt disparu avec un autre luchonnais François Vives dans la face Nord de l’Eiger. Saxo fera ses premières armes dans le monitora de ski et de guide de montagne dans les Alpes. Dans les années 60, il n’existe que deux écoles, une à Monetier-les-Bains et l’autre à Leysin en Suisse, avec trente moniteurs et une dizaine de guides. C’est dans ces années là que Saxo rencontre l’amour de sa vie Jackyie.
De cette rencontre naitra Martine. La petite famille suivra le tout nouveau aspirant guide dans ses périples : moniteur de ski l’hiver, guide de montagne l’été et aussi menuisier. Saxo ayant un CAP de Menuiserie, il lui arrivait de travailler chez Cascarra menuisier et plus tard chez Ladevèze à Bagnères de Luchon, les fins de semaines étaient consacrées à la montagne. Saxo :« A l’époque, les départs s’effectuaient à pieds depuis Luchon : pas de voiture, la pratique du « stop » n’est pas dans l’air du temps… c’est ainsi qu’il est fréquent de parvenir au refuge d’Espingo, du Maupas ou du Portillon vers onze heures ou minuit. C’était le temps des copains, de l’insouciance… vite contrarié par l’arrivée de la « guerre d’Algérie »…
Saxo aura consacré sa vie à la montagne, toujours dans le partage. Accompagnant clients, amis, il fera des dizaines de fois des classiques, comme Chamonix-Zermatt, « les 4000 Saasfee », le plus souvent en autonomie, de nombreux raids en ski, le tour du « Grand Paradis » en Italie, le tour du Viso, la traversée de l’Oetztal » en Autriche, la traversée de l’Atlas au Maroc mais aussi plusieurs fois Andorre-Luchon…
- Membre du LHM (Luchon Haute Montagne), il en sera le président pendant plus de trente ans. Avec Daniel Dutoit, Jean-Paul Bacqué et bien d’autres sous sa présidence, le LHM trouvera une dynamique. L’installation d’un « fil-neige » sur le glacier Ouest du Maupas, un équipement qui permettra l’organisation de stages d’entrainement mi-juillet et à la Toussaint… Saxo : « Autre participant à ces stages, mon ami Serge Palma, suivi de son fils Gérard, qui sera Champion de France minime et cadet. C’est en 1977 que les membres du LHM construiront leur propre refuge, encadrés par Jean-Marie Dubourg maitre d’œuvre. Le refuge portera longtemps l’enseigne « Au Saxo Club »!
De 1966 à 1982, Saxo évoluera au sein de la Direction Départementale Jeunesse et Sports, à l’encadrement des stages de ski et de montagne pour des jeunes basés au CDAJ et à l’hospice de France. Il sera pendant une dizaine d’années responsable chef du secteur du Secours en Montagne. Sera nommé CTR (Conseiller Technique Région) en charge de l’aspect technique des Brevets d’Etat auprès de la Fédération Française de la Montagne et de l’Alpinisme.
Là, il serait bon de chanter « Les copains d’abords » de Georges Brassens, maître à penser de Saxo :« Sa philosophie m’a permis, par la suite, de tourner en dérision les évènements graves et destructeurs de la vie. » Saxo chante très souvent du Brassens, mais les chants du folklore Pyrénéen, n’ont aucun secret pour lui, longtemps membres du groupe des « Fils de Luchon ». Il réside à Luchon, mais très souvent, pour ne pas dire tous les jours, il va se réfugier à Gourron, dans la grange qu’il a réhabilité, en pensant à son petit-fils, Damien. Saxo : « Je pense qu’un être n’est pas unique, qu’il est constitué de gênes, hérités de ses ancêtres, et d’un potentiel de réussite lié à la personnalité de ses parents. »
« Dehora que her un temps a descorna eths cocuts » (Dehors il fait un temps à décorner les cocus ) devant la cheminée, Saxo se remémore ce jour de 1954, où comme bien des fois, il prenait la crémaillère en cours de descente au lieu-dit Artigue-Ardoune. Mais au lieu-dit « Mi-sahage » (Mi-chemin) une erreur d’aiguillage fait dérailler la motrice précipitant l’ensemble des wagons dans la descente vertigineuse. Saxo saute avec son camarade sur le balllast, « Voyant le train disparaitre dans la pénombre rayée d’éclairs électriques… persuadé que mon père (mécanicien) était dans la motrice, je cours le long de la voie parsemée de morts (sept au total). Je cours toujours à la poursuite de ce que je crois être le tombeau de mon père… deux corps sans vie, je les retourne et ne le reconnais pas : Mon père avait laissé sa place à « Caillau »de St Aventin, tenu de rentrer plus tôt. Ce souvenir hantera mes nuits très longtemps. »
Voilà Saxo !.. A 85 ans, il n’hésite pas à participer aux répétitions de chants des prochaines « Pastoralas » pour début décembre 2022. En retraite depuis 2006, après avoir vaincu la terrible maladie, il garde sa bonne humeur, son humour, le respect de la culture gasconne et montagnarde. Vendredi, il a reçu, (Ena sua borda de Gorron) les participants aux séances d’initiations au gascon, le « Patois » comme il dit. Et là bien entendu Saxo a chanté du Brassens, tous ont entonné « Se Canto » et gouté au « vin de messe » de Jackyie autour de la cheminée.
Bravo à vous Monsieur André Sacome..! Et merci.