Force est de constater que l’on s’habitue à tout et même l’inacceptable devient transparent. Au début de la guerre d’Ukraine, l’émotion collective était là. Les chaines d’infos étaient en boucle et on ne parlait que de cela, occultant même la campagne électorale qui se déroulait en France, avec pourtant en arrière plan des vrais choix de société. Les jours ont passé et les images chocs qui marquent les esprits se sont fait habituelles ou plus rares à tel point qu’elles n’ont pas eu le même impact sur nombre d’entre nous. L’idée de solidarité, d’humanisme s’est quelque peu dissous et on est revenu à notre quotidien par la force d’habitude. Les victimes ukrainiennes ont rejoint celles qui font naufrage dans la Méditerranée et disparaissent au fond de la mer à moins que ce ne soient les habitants d’Alep morts comme ceux de Marioupol, sous le joug d’un même homme dans l’indifférence générale. Des migrants quand il s’agit de gens à la peau colorée ou des réfugiés quand leur peau blanche les rend plus acceptables pour les accueillir sur notre sol.
Au fil des ans on s’est habitué à voir l’extrême droite au deuxième tour des élections présidentielles jusqu’à couper, en 2022, la France en 2 si l’on en croit les derniers sondages. Une indifférence collective même si, comme pour l’Ukraine, des citoyens, associations ou collectivités locales se révoltent et agissent pour défendre des valeurs humanistes. On oublie le passé, pourtant indispensable pour comprendre l’avenir et on ne veut pas voir le grand danger de l’arrivée d’une extrême droite dans notre pays. Des votes instinctifs, de colère, de rage, de rejet pour essayer autre chose car à part cela on a tout essayer sans résultats probants pensent-ils en fuyant les partis traditionnels ! Certes la France est loin d’être parfaite mais pour voyager très souvent à l’étranger dans des pays où la protection sociale est quasi inexistante, le niveau de vie faible et les principes démocratiques quelque peu chahutés pour rester correct, je suis content de rentrer dans mon pays et d’y vivre. Le verre n’est toujours pas à moitié vide fort heureusement et fuyons ce pessimisme chronique qui nous ronge.
Ne nous habituons pas à la misère humaine, ne nous habituons pas au fait que notre démocratie est perpétuelle, ne nous habituons pas à l’inacceptable quel qui soit en tournant la tête avec cet esprit individualiste qui est en train de tuer notre société.
« L’habitude est d’abord comme un fil d’araignée : une fois prise, elle est plus solide qu’une corde. » Proverbe chinois