Alors Didier Cujives, racontez nous cette expédition hors norme que vous venez d’effectuer dans l’Himalaya ?
« Je me suis déjà rendu au Népal en octobre 2019 avec Hélène, ma compagne pour rejoindre le camp de base de l’Everest et gravir le Kala Pattar.
J’ai souhaité développer ma connaissance de l’Himalaya en organisant une véritable expédition himalayenne en retournant au Népal, avec ma compagne et trois amis toulousains, au total 5 personnes. Le voyage s’est déroulé du 27 avril au 22 mai, soit plus de trois semaines d’expédition en autonomie totale, dans la région des Annapurnas . Pour la circonstance nous avons eu le besoin d’avoir recours à une agence locale et notre parcours a été organisé avec le concours de 6 porteurs, un cuisinier et deux guides népalais.
Nous avons dormi pour partie en refuge au confort très sommaire, sans jamais d’eau courante et quelques fois avec de l’électricité solaire. Pour une autre partie nous avons dormi en tente dans la neige et par température négative. Nous nous sommes alimentés presque exclusivement de riz, de lentilles et de thé … une fois nous avons eu le privilège de dormir dans un monastère bouddhiste.
Nous avions plusieurs objectifs réussis avec plus ou moins de succès :
– La découverte des vallées secrètes de Naar et de Phu récemment ouvertes aux occidentaux. Ces deux vallées sont peuplées depuis le 8 ème siècle par une minorité tibétaine qui nous ont projeté dans le haut moyen âge, tant les conditions de vie des habitants ressemblaient à cette époque.
– L’ascension du col « Kan La » à 5.306 mètres sous une tempête de neige et qui fut particulièrement éprouvante.
– L’ascension du « Chulu Far East » sommet de 6.059 mètres qui a été une véritable ascension en condition himalayenne, sur corde fixe, dans la neige et la glace et qui malheureusement nous a fait renoncer collectivement à 200 mètres du sommet.
– La découverte de la civilisation Himalayenne actuelle, qui m’a donné l’occasion d’assister à l’installation du Conseil Municipal de Manang et qui m’a permis de saluer le nouveau Maire de la commune.
– L’ascension jusqu’à lac de Tilicho, le plus haut lac du monde à 5036 mètres d’altitude. C’est sur ce lac que j’ai dressé fièrement le drapeau ukrainien en hommage aux combattants de ce pays et par fidélité à mes amis ukrainiens de Toulouse et de Kiev.
– Enfin l’ascension de deux autres cols à plus de 5.000 mètres d’altitude pour rejoindre la ville de Jomsom au Mustang, les cols de « l’Eastern Pass » et celui du « Mesokanto La »
Nous avons réalisé ce voyage en compensant entièrement le bilan carbone de nos vols, en finançant une ONG qui se charge de réaliser un programme de méthanisation à partir de bouses de vaches pour éviter l’utilisation massive du bois pour se chauffer et faire la cuisine au Népal. Nous avons été engagés dans une action qui a consisté à redescendre tous les déchets que nous avons émis sur place. Enfin nous avions utilisé les services d’une agence réceptive 100% népalaise et nous avons donné du travail à 8 personnes pendant 3 semaines. Dès le début de ce projet nous avons souhaité être exemplaire du point de vue de la protection de l’environnement.
Nous avons vécu de très grands moments, des moments inoubliables, une aventure humaine exceptionnelle. Nous avons eu faim, nous avons eu froid, nous avons eu peur, mais le dépassement de soi a été plus fort que tout. Nous avons conscience d’avoir vécu une expérience hors normes. Nous avons eu cette chance de découvrir les traces de la fameuse panthère des neiges, nous avons pleuré face aux Annapurnas, nous avons crié face à l’effort sur les pentes du Chulu Far East, nous avons été sidérés face à la dévotion des népalais vis à vis de leur religion. Nous avons appris tant de choses de la nature … nous avons appris à vivre avec presque rien, sans eau, sans électricité, avec juste du riz, des lentilles et du thé, mais avec cette immense plénitude de voir, de sentir et d’être habité par les plus hautes montagnes du monde. »