Le député sortant candidat à sa propre succession et investi officiellement par la Nupes, est en campagne loin des polémiques et de l’agitation médiatique. Fort de son bilan et de son investissement sur le territoire, il sillonne la 8° circonscription qu’il connait bien à la rencontre des habitants et des forces vives de ce territoire pas tout à fait comme les autres. Rencontre avec cet élu qui porte des convictions et des valeurs humanistes qu’ils revendiquent dans ces engagements .
D’abord comme suppléant puis comme député vous avez acquis une expérience dans ce véritable sacerdoce qu’est ce mandat d’élu. Cette expérience est-elle bénéfique pour les citoyens du Comminges et du Saves ?
Il y a cinq ans, la mode était au « dégagisme » des élus. Nous nous sommes retrouvés avec une Assemblée nationale composée majoritairement de députés déconnectés des réalités et qui le revendiquaient avec fierté. Or, nous avons bien vu que leur manque d’expérience les a conduit à être de véritables « députés doigts sur la couture du pantalon » qui levaient juste la main pour valider les mesures du Président de la République. Ils n’avaient pas l’expérience politique suffisante pour défendre leur territoire et leurs concitoyens. Je les ai entendu dire à l’Assemblée qu’ils s’en fichaient de la circonscription parce que, selon eux, le travail était à Paris et que la France avait besoin d’experts.
Ce n’est pas ma vision du mandat parlementaire. Un député expérimenté sait comment obtenir gain de cause. Ça m’a d’ailleurs permis de défendre le Comminges et le Savès, dans la loi mais aussi sur le territoire. J’ai obtenu des maintiens de services publics, comme le maintien du professeur d’atelier du Bac Pro de Gourdan-Polignan en carroserie-peinture. Car il est essentiel que nos jeunes du Comminges et du Savès puissent étudier puis travailler là où ils sont nés.
Avant d’être député, j’ai été maire de mon village d’Encausse-les-Thermes. Cette expérience est essentielle pour comprendre les attentes des citoyens et se faire le relais de leurs préoccupations. Donc oui, je pense que notre territoire ne peut être défendu que par un élu expérimenté car il est sans arrêt attaqué par les politiques en faveur des métropoles et qui ne prennent pas en compte les territoires ruraux.
Député c’est un engagement à la fois national et local. Sont-ils opposable ou au contraire complémentaire ?
Le député doit avoir cette double casquette pour bien travailler. Dans un territoire comme le nôtre, le député doit adapter la loi votée à Paris aux spécificités de notre territoire rural et de montagne. Qu’il s’agisse d’agriculture, de pouvoir d’achat, de services publics, le combat est quotidien. Ce n’est qu’en discutant avec les citoyens et les élus que le député peut remplir sa mission de représentant du peuple. En tout cas, c’est la vision que j’ai de cette fonction.
Être député, c’est être disponible tous les jours de l’année, presque 24 heures sur 24. Mon rythme de travail c’est du lundi soir au jeudi matin à Paris à l’Assemblée nationale, en séance publique ou en commission où nous travaillons les lois en profondeur, et du jeudi après-midi au lundi matin dans le Comminges et le Savès où j’échange en permanence avec les gens. Jaurès disait du député qu’il est la voix du peuple et je souscris pleinement à cette vision. Carole Delga dit souvent que son bureau c’est le terrain et je suis d’accord avec elle : être en permanence au contact des citoyens et des élus est la seule façon de garder les pieds sur terre mais surtout d’être efficace et utile dans notre mission de représentation du peuple, car nous savons que les sujets que nous défendons sont ceux qui concernent vraiment le quotidien des habitants.
Dans le Comminges et le Savès des choses ont été faites et dans lesquelles vous avez agi. Quelles sont-elles et que reste-t-il à faire dans ce chantier sans fin?
Il reste toujours beaucoup à faire ! Mais vous avez raison, de nombreuses choses ont été faites. Je me suis battu pour le maintien des services publics. Par exemple, des écoles ont été maintenues dans les villages suite à la pression que nous avons mise avec la Région sur le Rectorat et le Lycée de Cazères a été construit. L’hôpital de Saint-Gaudens a été pérennisé grâce à la mise en place du site unique, le commissariat de Saint-Gaudens a été rénové. Grâce à ma relation privilégiée avec la Région et le Département, le Comminges et le Savès bénéficient de financements conséquents. Nous aurons par exemple l’année prochaine une reprise des thermes à Luchon, la réouverture de la ligne de train Montréjeau-Luchon avec l’expérimentation du train à hydrogène… De nombreuses initiatives associatives en faveur des personnes en situation de handicap ont été accompagnées, comme le salon solidaire 3B « Beauté, Bien-être, Bonne humeur » à Rieumes. Tous ces projets amèneront de l’emploi, du tourisme et du lien social dans nos bassins de vie. J’en suis ravi et je souhaite poursuivre ce combat car notre territoire mérite d’être encore plus dynamique qu’il ne l’est aujourd’hui.
Quelles sont les spécificités de ce territoire que vous connaissez bien et pas tout à fait comme les autres?
La particularité de cette huitième circonscription de Haute-Garonne c’est qu’elle est une des plus grandes et des plus diversifiées de France. Prenons l’agriculture comme exemple de cette diversité. Au Nord de la circonscription, vers Rieumes, la culture est céréalière. Au milieu, vers Saint-Gaudens, c’est de la polyculture alors que dans le Sud vers le Luchonnais, c’est surtout du pastoralisme. Cette diversité s’explique par les paysages, les reliefs. Nous avons des territoires de plaines, d’autres de collines, d’autres de montagne.
C’est pour cela qu’il me semblait absolument essentiel de se déplacer dans les 281 communes de la circonscription pour connaître les préoccupations et les projets de chaque village. Dès que l’on me sollicite, que cela vienne d’un maire ou d’un citoyen, j’essaye d’aider pour débloquer la situation. Pour bien remplir sa mission de député, il faut connaître le quotidien des gens. J’ai un bilan dont je suis fier car j’ai travaillé pour continuer de développer le Comminges et le Savès, comme Jean-Louis Idiart et comme Carole Delga avant moi. Il faut continuer dans ce sens car la majorité présidentielle nous a montré pendant cinq ans qu’elle ne ferait aucun cadeau aux territoires ruraux qu’elle ne connaît pas et qu’elle méprise. Les lois votées depuis cinq ans sont toujours en faveur des plus riches et des urbains. Mais nous sommes des Français à part entière, nous avons autant de droits que les autres et je suis déterminé à continuer ce combat avec vous et pour vous.
Quel regard portez vous sur notre société en raison de vos engagements humanistes, de la vision que vous retenez par votre présence sur le terrain et à l’assemblée nationale?
Notre société est fracturée comme elle l’a rarement été. Nous l’avons vu pendant cinq ans à travers les différentes crises. C’est le résultat d’un mépris gouvernemental vis-à-vis des classes populaires et des classes moyennes, qu’il s’agisse des paroles ou des politiques menées. La parole politique a de moins en moins de valeurs et je vais vous donner un exemple. Pendant la pandémie, quand nous n’avions pas de masques à disposition, il n’en fallait pas, mais quand nous en avions, ils étaient obligatoires. Pourquoi ne pas dire la vérité aux gens ? Quand on a été maire, on sait qu’il vaut mieux dire oui ou non qu’être flou et promettre des choses infaisables ! J’ai toujours été clair sur mes positions politiques. Je suis de gauche, socialiste, je me bats pour des citoyens d’un territoire et j’ai horreur de la politique politicienne. Ça n’intéresse pas les gens et ça ne m’intéresse pas.
Dans notre société fracturée, où les riches sont de plus en plus riches et où tous les autres s’appauvrissent, il est essentiel de redonner du sens à la parole politique et de mener une politique à destination de ceux qui en ont besoin. Il faut que ceux qui se sont enrichis à outrance ces dernières années, comme les entreprises du CAC40 ou les GAFA, payent leur juste part à la société pour que l’Etat accompagne les plus modestes, notamment à travers un blocage des prix de première nécessité. Il faut aussi que les entreprises jouent le jeu en augmentant les salaires, même s’il est essentiel d’aider les TPE-PME dans cet effort. Car à l’heure actuelle, plus personne ne peut vivre avec un SMIC à 1300€.
En politique faut il être pragmatique ou programmatique ?
Les deux ! Jaurès disait que le courage c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. Il est donc essentiel d’avoir une colonne vertébrale idéologique, des valeurs ancrées au fond de nous qui guident l’action politique. Sinon, on n’est qu’un gestionnaire et nous voyons avec le Gouvernement actuel que ce n’est pas souhaitable ni profitable à la population. Mais défendre uniquement un programme sans être pragmatique, c’est du dogmatisme et cela n’amène rien de bon non plus. Avec cette position je me suis d’ailleurs attiré les foudres de certains politiciens parisiens, mais je l’assume. Si on fait de la politique idéologique sans tenir compte du quotidien des gens, la politique est mal reçue car souvent inadaptée. Il est donc essentiel de construire une politique dans le dialogue et la conciliation. C’est cela la gauche de gouvernement, c’est cela la gauche crédible et qui peut remporter une élection nationale. Nous devons à tout prix la reconstruire.
On dit le parti socialiste diminué pourtant ici tout au moins le conseil départemental et la Région Occitanie démontrent le contraire. Qu’est ce qui ne va pas au niveau national pour que ce parti nécessaire au fonctionnement démocratique de la France retrouve sa superbe d’antan?
Oui le Parti socialiste va mal quand il passe en cinq ans de 300 à 30 députés, de près de 30% des suffrages en 2012 à 1,75% dix ans plus tard. Mais il n’y a pas de fatalisme à avoir car nous avons réussi à gagner des élections locales. La raison est à chercher dans notre absence de travail sur le projet de vie pour les gens. A l’échelle locale, nous menons une politique de gauche qui améliore le quotidien des gens. Alors qu’à l’échelle nationale, nous n’avons plus vraiment de projet de société. Notre programme présidentiel a été fait par quelques experts mais sans prendre en compte les aspirations des citoyens ou des militants. Il est essentiel de repartir des territoires, d’aller à l’écoute des préoccupations et des propositions des citoyens pour ensuite construire ensemble un projet politique qui aura vocation à gouverner la France. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire, quand les votes vers les extrêmes sont de plus en plus nombreux. La seule solution serait un Président pompier pyromane, qui pendant cinq ans s’est construit comme seuls opposants ces mêmes extrêmes pour au final bénéficier du front républicain ? Je ne le pense pas, notre pays mérite mieux et les citoyens méritent plus de respect que ce qui leur est proposé depuis cinq ans. Il faut un pays apaisé pour répondre aux défis écologiques, énergétiques, sociaux, sanitaires et démocratiques.