Trois expériences, trois éleveurs sur le canton de Boulogne-sur-Gesse, font part de leurs ressentis face à l’épisode caniculaire de ces dernières semaines.
François Manent, éleveur d’agneaux Label Rouge
Dans la commune de Saint-Pé Delosc, François Manent a pris la relève de son père et gère un élevage de 400 brebis Tarasconnaise, sur 95 hectares, pour la production d’agneaux Label Rouge Sélection des bergers, et agneaux des Pyrénées en cours d’IGP. Une douzaine de vaches Gasconnes, pour la viande de veau sous la mère, complètent le cheptel. Une partie du troupeau paît dans un parc photovoltaïque privé à Boulogne, avec lequel François a signé une convention.
« Pour lutter contre la chaleur et protéger les brebis des ardeurs du soleil, elles restent à l’abri dans la bergerie. Pour les nourrir, comme l’herbe est desséchée, j’ai commencé à leur donner de l’ensilage un mois plus tôt que prévu. Pour le foin, mon stock est correct car j’ai du foin de l’an dernier, il y a encore de la marge. Quant à l’eau, ici sur l’exploitation elle ne manque pas, car j’ai des canalisations dans tous les parcours, plus une source naturelle avec un bassin. Mais il est temps que la pluie revienne, la période est dure. »
Techniques culturales adaptées
A Boulogne-sur-Gesse, la famille Ferrère conduit un élevage de vaches laitières en bio, d’une soixantaine de tête, l’EARL Colombe. « Notre exploitation a anticipé, précise Lionel Ferrère, en appliquant des techniques culturales différentes. Car face à de tels épisodes de chaleur et de pénurie d’eau, de plus en plus fréquents et intenses dans l’avenir, il faut se poser des questions, se remettre en cause et agir. Ici nous avons choisi ici d’appliquer des systèmes résilients. Dans les prairies on a semé des espèces d’herbes plus résistantes. Le semis des céréales (qui servent à la nourriture des vaches ndlr) maïs, betteraves fourragères et maïs-haricots, a été décalé, ce qui a permis d’éviter qu’ils soient dans une phase critique pendant la canicule. Et la protection des sols, etc. Nos stocks de foin, suffisants, ont été faits en période d’herbe poussante. »
Grâce à ce système pâturant avec irrigation en place économe, les vaches de la ferme ont suffisamment d’herbes, choisies pour leur résistance. « Le monde change, il faut changer aussi, s’adapter et trouver les solutions. On n’en est plus aux commentaires, il faut agir. En s’adaptant, en essayant de nouveaux modèles de gestion culturale, on peut répondre à la situation difficile que nous connaissons. »
A Saman, Jean-Baptiste Aries élève des Porcs Noirs de Bigorre depuis plus d’une dizaine d’années, sur la ferme familiale de Matéou. Il est président de la structure commerciale qui gère la filière. En danger d’extinction il y a cinquante ans environ, elle a été sauvée in extremis et connaît maintenant un beau succès. Sa viande fine et goûteuse donne des salaisons d’exception. « Les Porcs noirs s’adaptent bien à ces grosses chaleurs, constate Jean-Baptiste, même s’il faut exercer une vigilance accrue. L’atout de cette race, c’est sa rusticité. Ils vivent en plein air dans les champs. Les cochons sont autonomes, ils profitent de l’ombre des arbres et des haies, passent la journée à l’abri, mangent le soir de préférence et vivent la nuit en ces périodes caniculaires. Ils ont de l’eau à volonté bien sûr. Quant aux cultures pour leur nourriture, on a un rendement moindre en blé, orge, triticale. Mais ici on peut encore irriguer, ce qui sauvent une grande partie. Pour les mises-bas au mois de juillet, il faut davantage de surveillance mais tout s’est bien passé. Le choix de cette race solide et résistante fait toute la différence. »