Que cette campagne présidentielle est délétère ! Mais à qui la faute ? Les deux candidats mis en cause pour des faits graves, rappelons-le, François Fillon et Marine Le Pen n’ont de cesse de dire que c’est la faute des médias, du pouvoir en place, des juges ou que sais-je encore… Bref tout ce qui n’est pas eux.
On les empêcherait de faire campagne, dans un déni de démocratie, certains affirmant sans vergogne que nous nous trouvons au bord d’une guerre civile, rien que cela ! On envoie les seconds couteaux faire ressurgir de vieilles affaires concernant la gauche comme si la faute des uns lavait celle des autres. Par ces comportements qui manquent de hauteur, ce monde cloisonné de la politique confirme à l’opinion publique, avec une grande stupidité, qu’effectivement : «tous pourris». En fait, sans s’en rendre compte, ce sont les politiques eux-mêmes qui, en s’accusant mutuellement, confirment que leur monde est totalement souillé. « Voyez on est tous comme cela, y a pas que nous ! » Un comble ! De plus, les réseaux sociaux, sans aucun filtre analysé ou retenu, distillent le poison entretenant ce climat irrespirable. Lorsqu’on lit la presse étrangère, l’image de la France est, du coup, très abîmée. On est la risée du monde entier avec notre démocratie bien malade et des pratiques politiques qui datent de la féodalité. Il serait peut-être temps de remettre les choses dans le bon ordre.
Non, ce ne sont pas les médias et les juges qui font les «affaires». Pour les premiers, ils sont un révélateur salutaire, quant aux seconds, ils sont là pour les traiter judiciairement afin de garantir nos fondements démocratiques. Il y a affaire parce que des justiciables comme les autres, fussent-ils politiques, commettent des faits susceptibles d’encourir des condamnations pénales. C’est aussi simple que cela, d’autant plus qu’en tant qu’élus de la nation ils ont le devoir, plus que tout autre, d’être exemplaires et irréprochables, qu’ils soient de gauche, de droite ou du centre.
Il n’est bien sûr pas question d’entendre l’argument que la Justice devrait s’arrêter le temps d’une campagne électorale. Le commercial à qui on enlève le permis de conduire pour excès de vitesse, l’empêchant ainsi de travailler, ou pire le privant d’emploi, ne peut entendre ce genre de raisonnement. Plus personne ne peut accepter cette Justice à deux vitesses. Dans ces deux affaires du moment, la Justice indépendante qui existe en France est prise en otage. Soit elle suspend son travail, au risque d’être accusée de laxisme et de laisser des passe-droits, soit elle le poursuit pour être accusée d’intervenir dans la campagne et ainsi fausser les débats. Pour tous les autres justiciables, on ne suspend pas un travail judiciaire alors pourquoi faudrait-il le faire pour des politiques laissant ainsi supposer qu’ils sont au-dessus des Lois ?
Mis à part les sympathisants fanatiques qui ont perdu leur libre arbitre en défendant, coûte que coûte, leur candidat présumé malhonnête, les français, dans leur ensemble, en ont marre de voter en ne prenant pour seul critère que l’honnêteté et la probité d’un candidat. Les français n’en peuvent plus de choisir un président simplement pour en écarter un autre. Mais dans quel pays vit-on ? Quand le peuple va-t-il se révolter pour exiger une moralisation exemplaire de la vie publique car nous n’avons que les politiques que nous méritons.
Non ce ne sont pas les candidats qui sont pris en otage, ce sont les citoyens.