Présentation du livre de « Jean le dernier paysan façe aux Pyrénées », le point presse à ASPET
Rencontre avec Jean-Paul Abadie au point presse d’Aspet
« Je suis fils d’agriculteurs, élevé par mes grands-parents qui étaient paysans » Dans la légitimité de cette filiation de pays, c’est avec un profond respect qu’il évoque ces dernières années paysannes de Jean : « Jean fut le dernier paysan de mon village, Campistrous dans les Hautes Pyrénnées près de Lannemazan »
Ce livre n’est pas un roman, c’est un témoignage poignant et sensible qui au-delà de la nostalgie nourrit la réflexion sur les changements du Monde, mais aussi vouloir transmettre un peu de cette substance d’une époque où même au travers des difficultés de la vie, ces paysannes et ces paysans trouvaient des temps de rire ensemble, à contrario de la solitude de l’agriculteur seul dans sa cabine de tracteur.
Au travers de ce livre on retrouve à la fois l’étonnement et le questionnement au regard du monde paysan. C’est l’étonnement de ce changement si rapide de quelques décennies ou les paysans sont devenus agriculteurs pour finir exploitants agricoles avec pour certains des parcours professionnels qui s’achèvent par le suicide, un phénomène dorénavant dans la réalité aujourd’hui de ces humbles demeurés à la terre. En même temps c’est aussi la transformation du paysage par l’uniformisation et la fracture du regard, par le gigantisme envahissant des structures technologiques d’exploitation.
L’auteur transmet cette mémoire au travers de ces derniers instants de vérité paysanne. « Jean a toujours travaillé ses champ avec ses vaches gasconnes des Pyrénées. Il n’a jamais conduit un tracteur. C’est le dernier paysan de mon village. Lorsqu’il a voulu prendre sa retraite, il a été obligé de se défaire de sa propriété, ne conservant juste que trois hectares, dans le cadre de la règlementation des lois agricoles. Lorsqu’il lui restait ses deux dernières vaches, Mulette et Pauline, il m’a demandé si je voulais lui photographier son attelage, ce que j’ai fait un jour de décembre. Ce fut la dernière fois qu’il joignait ses vaches, qu’il les attelait, et dix jours après elles partaient pour l’abattoir. Son étable est restée vide. J’avais fait un agrandissement de la photographie qu’il avait affichée à la porte de sa chambre. Ainsi il les voyait tous les jours. Ce dernier jour là il y avait énormément d’émotion. Après avoir attelé son tombereau, nous sommes allés jusqu’à un champ qu’il aimait bien, era crabèra. Là, il s’est posé avec son bâton face aux Pyrénées, d’où le titre du livre. A ce moment, je ne pouvais plus prendre de photo. C’était trop chargé d’émotion. Jean, c’est le fil conducteur du récit. C’est un moyen d’évoquer cette agriculture du 20ème siècle. Les moissons, les fenaisons, la religion, la place des femmes, le suicide agricole également. A travers le personnage de Jean, c’est un regard sur ces pratiques agricoles qui ont disparu. Jean a pris sa retraite en 90 et il est décédé en 2000 et le pays aujourd’hui n’est plus tout à fait le même ».
La mémoire paysanne n’est pas seulement un objet de bibliothèque, mais au travers d’ouvrages comme celui-ci, les écomusées, ce sont aussi des ressources de résilience dans les temps incertains que nous traversons.
En vente au point presse à Aspet, et auprès de l’auteur :