L’Isle-en-Dodon : Touche pas à ma Poste !

Le maire de L'Isle en Dodon, le député Joël Aviragnet, la CGTT, des élus locaux et la population ont manifesté le 12 novembre contre la réduction d'horaires du bureau de Poste.
Le maire de L'Isle en Dodon, le député Joël Aviragnet, la CGTT, des élus locaux et la population ont manifesté le 12 novembre contre la réduction d'horaires du bureau de Poste.

A l’appel du maire Lionel Welter, la population de l’Isle en Dodon, les élus locaux et les représentants syndicaux, rejoints par le député Joël Aviragnet, se sont rassemblés samedi 12 novembre devant le bureau de Poste. La colère était palpable et la détermination sans faille pour s’opposer à des restrictions d’horaires : la pilule ne passe pas !

Le contexte

Le maire a été informé par la direction de la Poste en juillet, au téléphone, de la réduction des horaires du bureau pour septembre. Une réunion a eu lieu le 5 septembre avec la mairie avec Delphine Gabriel, responsable de la réorganisation du service, Gilles Lagrave délégué au développement régional et Patricia Léotard responsable commerciale. Suite à des évaluations internes pointant une baisse de fréquentation, la Poste décide le passage de 30h à 25h par semaine d’ouverture du bureau de l’Isle. Les facteurs deviendront des facteurs-guichetiers, opération déjà en cours. Selon la Poste c’est une montée en compétence, selon les détracteurs une façon de réduire le personnel et de faire accomplir à une seule personne deux tâches différents. Un rétroplanning a été reçu par la mairie, qui doit rendre une contre-proposition au 15 novembre.

Les fermetures sèches ou partielles de dizaines de bureaux sur le territoire national provoquent des réactions. « Le service public Postal, s’insurge Laetitia Thouvenin, factrice déléguée départementale CGT, est frappé par les exigences de la rentabilité financière et de la marchandisation opérées par le gouvernement. »

La stratégie de management de la Poste se vérifie à L’Isle en Dodon comme ailleurs, par la réduction des horaires, première étape avant la fermeture définitive. « Les métiers sont remaniés dans le but de réduire la masse salariale. Et l’objectif est de transférer la compétence aux communes. La qualité du service est en cause, car les agences postales communales, financées par les collectivités, ne peuvent pas remplacer les véritables bureaux. Et nous refusons que les usagers soient directement lésés par ces fermetures, notamment en rural, où les déplacements sont contraignants et la population vieillissante. Ces décisions sont la négation des métiers de la Poste et la sape de la fiabilité attachée à l’institution. »

La lutte s’organise

« La baisse de fréquentation est contestable, affirme Lionel Welter. En l’occurrence la Poste est juge et partie. Nous craignons -et refusons- à l’Isle-en-Dodon la prévisible fermeture totale. » La réaction ne s’est pas fait attendre, l’affichage et la communication ont été lancées, une pétition rédigée, la manifestation du 12 novembre organisée. S’y joignent nombre d’élus du canton, des sympathisants, des structures diverses, la CGT. « Une motion sera mise au vote au prochain conseil municipal, ajoute le maire, le 16 décembre. Elle a été transmise à tous les villages du canton et la présidente de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux du Comminges, Magali Gasto-Oustric, a décidé de la soumettre au vote du conseil communautaire jeudi prochain. » » Le but est de faire que la Poste reconsidère sa position, fasse un audit auprès de la population. « Car pour nous, martèle le maire, l’aspect humain est primordial, contrairement aux responsables qui se retranchent derrière leurs outils de calculs, face aux situations concrètes que nous leurs exposons. » Quant à la contre-proposition, le maire relate que la Poste n’acceptera pas d’augmenter les heures d’ouverture mais étudiera seulement les journées d’ouverture. « J’enverrai ma réponse en début de semaine, m’appuyant sur la forte mobilisation exprimée aujourd’hui, exigeant l’arrêt de cette décision. »

Acheminement du courrier, quel avenir ? 

A l’heure où la pandémie a pointé l’importance de la logistique locale, la CGT dénonce le renoncement au service public postal, déjà menacé par les opérateurs numériques privés qui organisent des circuits parallèles. Le déséquilibre du maillage territorial engendré met à mal en outre la relation privilégiée avec le facteur, précieuse dans les campagnes. Dès janvier 23, la lettre au timbre rouge, courrier prioritaire distribué en 24h, sera supprimée, il faudra passer par internet pour ces plis urgents. La Poste considère diminuer ainsi l’impact environnemental. Pour les syndicats ce sont des milliers d’emplois supprimés à la clé.

Les solutions alternatives

La direction de la Poste prévoit la fermeture sèche ou partielle de dizaines de bureaux de plein exercice sur le territoire national. Dans le Comminges nombreux sont ceux menacés (Cierp-Gaud, Barbazan…) ou déjà fermés (Mane…). Des solutions sont possibles, relèvent les intervenants à L’Isle-en-Dodon. Selon la CGT, il faut une vision publique globale, l’élaboration d’un contrat de présence postale vers l’emploi, plus de démocratie, avec au préalable l’accord des municipalités avant la décision de fermeture. Les Commissions départementales de présence postale et territoriale (CDPPT) soient élargies aux associations d’usagers et aux organisations syndicales, et consultées. Les ressources du fonds de péréquation doivent être augmentées en faveur du maintien et de la rénovation des Bureaux. Le maintien et le renforcement des Services publics dans les territoires est une priorité, avec une gestion participative et démocratique, associant direction, usagers et représentants du personnel. Ce qui implique des moyens financiers et humains, un plan pour l’emploi et la formation.

L’intervention du député Joël Aviragnet

« Ce n’est pas parce que nous sommes moins nombreux en rural que nous avons moins de droits que les autres, vitupère le député avec passion. Ces calculs, normes et quotas sont évalués à Paris et ne sont pas applicables ici. Jeudi dernier à Montpellier, l’ARS tentait d’expliquer la même chose pour les hôpitaux, appliquer des schémas parisiens aux territoires ruraux. C’est impossible ici et il faudra bien que les gouvernants le comprennent. Je vais prendre rendez-vous avec le Directeur régional de la Poste parce que ça n’est plus tolérable. Il est vrai qu’on écrit moins qu’avant, la dématérialisation numérique est là, les évolutions existent et doivent être prises en compte. Mais par contre l’envoi de colis a progressé et ça rapporte. Il faut donc arrêter de brandir des arguments sur le temps de présence des agents et autres considérations. Il n’est pas possible d’accepter de réduire la Poste sur une commune comme l’Isle-en-Dodon. Et nous ne l’accepterons pas. Nous allons agir tous ensemble et obtenir gain de cause. »

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