Le sénateur de la Haute-Garonne Pierre Medevielle, a été élu en 2014 et réélu en 2020, ancien pharmacien, fils de docteur, ancien maire de Boulogne-sur-Gesse. Il livre ses réflexions sur certains événements de 2022, année compliquée, confrontée à des défis politiques majeurs, que 2023 devra continuer de relever et résoudre.
La guerre en Ukraine
« 2022 ne s’est pas déroulée sous le signe des réjouissances, avec deux poussées de l’épidémie de Covid, et un contexte international inquiétant dû à la guerre en Ukraine. Le 24 février l’invasion de l’armée Russe dans ce pays, préméditée par Vladimir Poutine, fut un choc. Cela a ravivé aux portes de l’Europe de cuisants souvenirs, et notamment les résultats de notre inaction en 1939. Poutine à mon sens a commis l’erreur de croire que l’Europe allait se fracturer mais ce fut le contraire, elle s’est ressoudée. Ses rêves impérialistes, menés au mépris de tous les traités internationaux, sont inacceptables, il est clair qu’on ne peut le laisser gagner. On sortira de ce conflit au prix d’âpres négociations, négociations qui auraient dû être menées depuis longtemps disent certains sages. C’est la solution car une révolution de palais côté Russe ne semble pas se profiler. »
Politique intérieure
« 2022 fut également compliquée sur le plan national, avec les élections législatives et présidentielles au taux d’abstention abyssal. La tranche 20-30 ans n’a massivement pas voté. Cela pose des questions. Les raisons sociologiques sont nombreuses pour expliquer la non-participation, mais peut-être est-ce tout simplement un désenchantement général, induit par la conjoncture, aggravé par les media de masse et les réseaux sociaux…
Le gouvernement n’ayant pas de majorité absolue, l’utilisation de l’article 49.3* s’est avéré indispensable, car un pays pour fonctionner et assurer ses dépenses, a besoin d’un budget. Cela a fait beaucoup de bruit sur les bancs de l’Assemblée Nationale -surtout ceux de la France Insoumise-. Pour avancer il n’y a pas d’autre choix.
Trois débats majeurs s’annoncent, réforme des retraites, chômage et asile-immigration. Avec bon sens, il faudra trouver des majorités relatives sur ces textes importants. Pour les retraites par exemple, nous devons avancer, on ne peut continuer à vivre à crédit sur le dos des générations futures. »
Transition énergétique
« L’urgence climatique nous pousse, l’épée dans les reins, à accélérer la transition énergétique. Enjeu majeur de notre temps. La crise en Ukraine nous a douloureusement rappelé notre dépendance aux énergies fossiles. Or notre choix du tout nucléaire a obéré l’essor des énergies renouvelables, contrairement à d’autres pays d’Europe. Le solaire thermique, le photovoltaïque, l’éolien en mer, l’hydrogène, la géothermie, sont pourtant un arsenal qui aboutira à plus d’autonomie.
Avec mes collègues du groupe Les Indépendants, je suis co-auteur de la proposition de loi en faveur de l’agrivoltaïsme, qui est passée à une forte majorité au Sénat. Grâce à Mme Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, l’agrivoltaïsme est ainsi intégré à son texte de loi sans passer par l’Assemblée Nationale. Pour gagner en rapidité et en efficacité. Cet outil énergétique est désormais simplifié et encadré légalement. Il constitue un atout de valorisation pour les agriculteurs qui bénéficieront ainsi de revenus supplémentaires. Je me suis rendu en Israël au mois d’octobre avec des collègues pour échanger sur les avancées en matière de photovoltaïsme et d’agronomie en conditions climatiques extrêmes. Inspirés de ces expériences de haut niveau menées à l’étranger et dans nos régions, de nombreux projets sont validés en Haute-Garonne, à Castelginest, à Cadours, à Pointis-Inard, à Molas… »
« L’aventure hasardeuse des voitures électriques impose de trouver des sources d’énergie renouvelable rapidement. La fin des moteurs thermiques est annoncée pour 2030, encore faudra-t-il tenir le défi. Quand nos constructeurs français seront au niveau en matière de tarifs, avec l’arrivée de marques chinoises, le marché risque d’être déjà inondé… Nous avons pris là un risque industriel terrible.»
Santé
« La grève des médecins généralistes me fait honte. Doubler le prix de la consultation, et pourquoi pas le tripler ? Il y a 2 catégories de médecins en France, les libéraux, qui triment et ne comptent pas leur temps, et les salariés aux contrats confortables et plannings limités. Ils ne peuvent cohabiter. Je comprends que les médecins veulent améliorer leur vie quotidienne, mais quand on prononce le serment d’Hippocrate, on se doit à sa patientèle. D’autant plus qu’aujourd’hui 87 % des territoires sont des déserts médicaux, alors que certaines régions sont surdotées. Il faudra bien en arriver à réguler l’installation des médecins. A l’instar des instances professionnelles en Pharmacie, en lien avec les préfectures, qui ont un système de régulation très au point. Résultat, chaque citoyen a une officine à moins de 20 km de chez lui. Comme l’armée forme des médecins militaires contre quinze ans de pratique en son sein, l’Etat pourrait financer les études de médecine. En contrepartie, deux ou trois ans en territoire rural serait un juste retour. Rappelons que les cotisations sur le travail sont le fondement de notre économie sociale, si on ne travaille plus, ça ne marche plus. »
Territoires
« La démarche ZAN (zéro artificialisation nette) est l’objectif à 2050 de réduire de 50% le rythme d’artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers dans les territoires. Donner aux maires le droit de veto en covisibilité (c’est-à-dire susceptible de voir l’installation sur sa commune), comme l’ont proposé certains du groupe des Républicains, était un cadeau empoisonné. Car les maires sont soumis à la pression de la population et jamais on ne pourra avancer sur ce terrain. Heureusement ce protocole a été remplacé par l’initiative de définir des zones pour les projets de constructions et un droit de contrôle. »
« Pour 2023 je souhaite aux Commingeois une année de bonheur, de santé, de la neige cet hiver, et de l’emploi dans ce merveilleux cadre de vie que nous aimons. »
*l’article 49.3 de la Constitution donne la possibilité au Premier Ministre, après délibération du Conseil des Ministres, d’engager la responsabilité du gouvernement sur le vote d’un projet de loi de finances ou d’un autre projet ou proposition de loi en débat à l’Assemblée Nationale.