La rubrique des faits divers regorge d’exemples de balles perdues qui viennent tuer ou blesser des personnes qui n’avaient rien demandé à personne sinon de poursuivre leur chemin sans croiser l’irréparable.
Là ou le bât blesse quand il ne tue pas, c’est que l’on mélange tout et on jette de fait l’opprobre sur toute une catégorie de personnes que l’on nomme couramment des chasseurs. On parle du problème de la chasse alors qu’on devrait parler du problème d’une chasse et d’une certaine catégorie de chasseurs. La globalité n’est pas de mise et il était nécessaire de le dire.
Nombre de chasses et de chasseurs ne posent aucun problème car tout dépend du gibier chassé et avec quel type d’arme ! Tuer une caille avec du petit plomb à 50 mètres n’avait jamais fait de mal à une mouche sauf à ce qu’elle manque vraiment de chance.
C’est l’arrêté ministériel du 1er août 1986 qui a mis le feu aux poudres si j’ose m‘exprimer ainsi. Il dit en l’espèce « « les animaux des espèces suivantes : cerf, daim, mouflon, chamois ou isard, chevreuil et sanglier ne peuvent être tirés qu’à balle ou au moyen d’un arc de chasse » Si l’idée primaire était d’empêcher les animaux blessés de souffrir et de mourir dans des conditions inacceptables, les conséquences sur le long terme n’avaient visiblement pas été pensées avec finesse.
D’un seul coup et pas forcément de fusil, des hommes et des femmes se sont retrouvés avec des armes et des munitions équivalentes à des armes de guerre possédant une portée à tuer de plus de 3 kilomètres. Quand vous combinez cela à un développement très conséquent des activités de pleine nature vous avez là un cocktail très explosif et dont on mesure les conséquences au nombre de victimes qui augmente chaque année.
Les prises de parole quelque peu déplacées et controversées de Willy Schraen président de la fédération de chasse ne sont pas là pour modérer les choses. Le pouvoir politique a toujours été très minoré pour trouver des solutions à ce problème vu la puissance de lobbying de cette catégorie d’électeurs. La dernière en date étant d’interdire aux chasseurs de chasser en état d’ébriété. Ah bon ils pouvaient avant ? Les prendrait-on pour des irresponsables complets ? Mais il fallait bien faire quelque chose pour endormir l’opinion publique et attendre que les choses se calment. Une affaire Palmade par exemple !
Les chasseurs ont bien entendu le droit de chasser mais avec toutes les garanties de sécurité nécessaires. Les promeneurs avides de nature et de détente ne doivent pas craindre de recevoir une balle perdue au détour d’un bois ou d’un chemin. La nature doit être partagée inéluctablement.
Revenir sur l’arrêté ministériel du 1er aout 1986 ou bien réserver un jour sans chasse pour écarter tout danger pour les promeneurs, il faudra bien dans la sérénité que les pouvoirs publics trouvent un jour une solution. Il semble difficile de continuer sur de faux semblants. Ce week-end encore à Gagnac (31) une balle à traverser une caravane et n’a heureusement que blessé à une main une femme qui aurait pu y laisser sa vie.
Les temps ont changé et la chasse n’est plus une occupation d’hiver des agriculteurs qui voyaient là un moment de détente mais aussi un prélèvement alimentaire permettant de se nourrir. Le monde rural de nos anciens est parti avec eux. L’actuel n’a plus les mêmes codes. On peut le regretter certes mais on ne peut faire l’autruche au risque d’ailleurs de prendre une balle dans l’arrière train… Qu’on le veuille ou non et avec une accélération depuis la covid, urbains, périurbains et ruraux n’ont plus de frontières. Il faut inventer une autre monde…emprunt de respect mutuel.