L’épouvantail est au potager ce que la cerise est au gâteau, la touche finale, le clin d’œil du jardinier, qui sait pertinemment que la drôle de figure plantée parmi les salades n’effraiera aucunement les oiseaux pilleurs.
Mais d’où vient l’épouvantail ? Son histoire remonte vraisemblablement à la nuit des temps, ou du moins depuis que l’homme a cultivé près de sa hutte un lopin vivier. Son rôle, dissuader les volatiles de toutes plumes de venir chaparder semences et bonnes choses dans le potager, en agitant les oripeaux dont il est affublé. Dans beaucoup de pays du monde il a sa fête annuelle et en France, de nombreuses villes organisent des festivités autour de lui. Certains sont devenus des personnages célèbres de films ou dessins animés, comme le Magicien d’Oz, Batman, etc.
Pour être efficace, ses habits doivent être flottants pour bouger avec le vent, il doit avoir figure humaine plus ou moins, et de temps en temps, si possible changer de place pour surprendre la gent gazouillante.
Le jardinier qui fabrique un épouvantail y met un petit peu de lui-même, c’est un alter ego fait de bric et de broc, avec amour et inventivité. Les recettes sont multiples. Le plus simple, deux tasseaux de bois, vissés en croix pour figurer les bras et « la » jambe plantée dans le sol. Une taie d’oreiller ou un sac de jute rempli de paille, de chiffon, une chemise enfilée sur le bâton horizontal, un pantalon attaché ou cousu, une vieille salopette… Quelques détails marrants, gants, bottes, chapeaux, béret. Pour la figure, l’imagination est reine, deux gros boutons cousus pour les yeux, ou un visage dessiné au feutre, des couleurs ou pas. On rajoute un foulard, une perruque en laine, en raphia ou en paille, suivant l’habileté du créateur, un balai, des fleurs… Attention ! les oiseaux n’ont qu’à bien se tenir.