Ce 8 juin 2023, la Nation a rendu hommage et manifesté sa reconnaissance aux 100 000 français morts pour la France en Indochine entre 1940 et 1954, lors de deux conflits successifs. A Saint- Gaudens, c’est la mémoire du sous-lieutenant Marcel Piquet qui a été saluée pour honorer le sacrifice de tous ces militaires.
Le premier conflit en Indochine (1940-1945) fut un épisode de la seconde guerre mondiale, avec l’agression du Japon membre des «puissances de l’Axe». La guerre dite d’Indochine (1946-1954), qui lui a succédé, opposa l’armée française aux forces communistes du Viêt-minh qui luttaient alors pour l’indépendance dans le cadre de la guerre froide opposant au XXème siècle les Etats-Unis et l’URSS, ainsi que leurs alliés respectifs… Ce sont 100 000 militaires de l’Union française, des français, des cambodgiens, des laotiens, des vietnamiens, des africains qui sont ainsi tombés sous les couleurs de la France durant ces 14 années.
50 000 morts et disparus en Indochine entre 1946 et 1954
Ce sont 50 000 morts ou disparus qui ont succombé au cours des 9 dernières années, celles de la guerre d’Indochine, entre 1946 et 1954, le premier conflit colonial de la France après la seconde guerre mondiale (1939-1945). 50 000 morts ou disparus dont «23 000 morts dans les rangs des bataillons étrangers composés de 94 nationalités différentes» selon Christian Montbrun qui officiait comme maitre de cérémonie ce jeudi 8 juin sur l’esplanade de la Légion d’honneur.
Marcel Piquet et 18 commingeois recensés parmi les disparus
Parmi ces disparus, 19 commingeois dont le sous-lieutenant Marcel Piquet, natif du Gers, qui fut affecté à Saint Gaudens, à sa sortie de l’école d’application de la gendarmerie à Melun.
Il s’était déjà illustré pendant la seconde guerre mondiale, le 18 juin 1940, pour être allé chercher son capitaine blessé sur le champ de bataille et l’avoir ramené au poste de secours «malgré un feu extrêmement violent de l’ennemi» d’après le témoignage qui lui avait valu la Croix de Guerre 1939-1940. Il avait par la suite activement participé aux combats de la Libération dans les Vosges en 1944.
«Un seul type bien, ça change tout. Il y en avait plein!»
Détaché en Indochine, Marcel Piquet a débarqué à Saïgon le 19 mars 1947 avec le grade de sous-lieutenant. Il s’y est distingué par toute une série d’opérations et pour son audace. Un an, jour pour jour, après son arrivée, le 19 mars 1949, son convoi est tombé dans une embuscade. Il a été criblé de balles dans sa jeep, avec ses compagnons.
Son corps a été rapatrié à Saint Gaudens sept mois plus tard, le 29 octobre 1948. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume et cité à l’ordre de l’Armée. Aujourd’hui, la caserne de l’escadron de gendarmerie mobile de Saint Gaudens, dans lequel il a servi, porte son nom.
Dans un message de Patricia Miralles, lu par le sous-préfet Jean-Philippe Dargent , la Secrétaire d’Etat chargée des Anciens combattants cite le caporal-chef Pierre Schoendorffer parachuté à 26 ans sur Diên Biên Phu: «je vous parle des hommes… De toutes les origines, de tous les rangs de l’armée… Je ne les ai vus qu’une fois. Je sens encore… leurs doigts sur mon cœur. Un seul type bien, et ça change tout. Un seul ! Là-haut il y en avait plein!»