Dans la salle communale de Saman, l’équipe du projet Coterra, porté par des scientifiques de l’INRAE, a reçu lundi 7 août le public pour la première d’une série de soirées ciné-débat, en lien avec le Festival International du Film Terre Vivante en Comminges.
La thématique abordée concerne un enjeu majeur du monde agricole d’aujourd’hui, l’autonomie à l’épreuve de la rentabilité.
Rappelons que le projet Coterra, à partir d’un diagnostic du territoire agricole du Nord-Comminges, œuvre proposer des solutions pour introduire des changements dans les pratiques, tendre vers plus d’autonomie et amener la transition écologique, en partenariat étroit avec les acteurs du monde agricole.
Au programme de la soirée, la projection du documentaire réalisé par Nathan Pirard et Floris Schruijer, Tu nourriras le monde. Ces deux agronomes engagés ont mené l’enquête en Champagne crayeuse, à travers des témoignages et des archives, pour comprendre comment est née en France l’agriculture céréalière industrielle et chimique à grande échelle. L’agriculture a été soumise au marché international et pour rester compétitive, elle entame une course en avant, produire toujours plus à moindre coût, quasiment en hors sol à coup de tonnes de produits toxiques. Comment la PAC (politique agricole commune) a transformé le système, quels choix politiques ont amené le monde agricole au bord de l’apoplexie, et par quels moyens s’en sortir… Edifiant. Le débat qui a suivi ce passionnant court-métrage, était dirigé par 4 intervenants, Floriane Clément chercheuse à l’INRAE en charge du projet Coterra, Sophie Lacroix, conseillère municipale à Saman et ancienne agricultrice, Clément Chesnay chargé de mission au PETR, et André Baquié conseiller agricole du Conseil départemental.
A travers les prises de paroles, ont été soulignés les difficultés des agriculteurs, les réticences compréhensibles à sortir du modèle imposé et pourtant la nécessité de le faire, les spécificités du territoire commingeois terre d’élevage, la problématique de l’eau, le rôle des politiques, l’expérience de la permaculture qui marche et qui nourrit son homme, la juste rémunération du travail, etc… La question est posée, comment sortir d’une agriculture productiviste de profit, pour un nouveau paradigme plus social et écologique, répondant aux attentes de la collectivité ? les réponses existent et fonctionnent, avec une constante amplement démontrée, revenir au sol vivant, restaurer les cycles naturels. Reste une inconnue de taille, la volonté politique…
Après la projection et la discussion, tous se sont retrouvés sur le parvis du foyer pour partager un apéritif amical animé par le groupe Carnet Nomade, avant d’assister à la projection en plein air du superbe film bolivien Utama. Une soirée constructive, conviviale et riche de partage et d’enseignements.
