Les Journées européennes du Patrimoine, samedi 16 et dimanche 17 septembre, ont permis au public de visiter un petit musée très original et fort précieux pour la mémoire locale. Niché dans la ville de l’Isle en Dodon, il abrite les trésors de Jean-François Coutens, méticuleusement exposés et entretenus. Un double musée, car il y rassemble d’une part des machines à coudre venues des temps anciens, et les outils et machines d’un artisanat très particulier, celui du charron.
Mais qu’est-ce qu’un charron ? « Souvent les visiteurs les plus jeunes, sourit Jean-François, ne savent pas ce qu’était cette profession. » Il leur explique alors le charron était l’artisan qui fabriquait et réparait les charrettes, et surtout c’était le spécialiste des roues en bois pour ces véhicules d’autrefois. Il fallait maîtriser les techniques du bois mais aussi du fer, avec les cerclages des roues à rayons. Il s’occupaient aussi des engins agricoles, tombereau, brouettes, charrues… C’est le grand-père de Jean-François, venu à L’Isle-en-Dodon pour épouser une fille de la famille Larose, qui a laissé cet héritage dont Jean-François prend soin. Rabots, varlopes, marteaux, scie à ruban, tour à bois, vilebrequins, bédanes, gabarits, tarières etc., peuplent l’atelier, comme si le charron allait arriver pour s’atteler à la tâche. « J’étais encore enfant quand il est décédé, se souvient Jean-François, mais il m’a transmis le goût du bricolage et du travail manuel, bien que je sois musicien de métier. » Le métier de charron n’a pas totalement disparu, et son savoir-faire est utile pour préserver les objets ancestraux, pour restaurer des véhicules attelés, des voitures anciennes à roues en bois, etc.
Quant aux machines à coudre anciennes, celle de sa grand-mère a servi à démarrer la collection. Les marques les plus célèbres s’y côtoient, Elna, Peugeot, Singer, Omnia, etc. Les premières machines furent fabriquées aux États-Unis et en Écosse, puis en France dans les années 1830. Jean-François Coutens, intarissable sur le sujet, connaît sur le bout des doigts ces machines qui ont changé la vie des ménagères, et il répare celles des particuliers. Avec l’avènement du prêt-à-porter dans les magasins, on aurait pu croire que la couture à la maison c’était terminé, mais au bien contraire. Les couturières, soit professionnelles, soit chez elles pour leur propre compte, sont légion et les machines sortent des manufactures dans le monde par millions.
Chez Jean-François, leur histoire locale est préservée de 1860 aux années 70. On y trouve la première brodeuse, la première à point zigzag. A navette, puis à canette, à pédalier puis électriques, les machines sagement endormies dans la salle d’exposition, ont le parfum des années défuntes. Et l’on croit entendre dans le silence du musée, les doux bruits du quotidien des couturières d’antan, penchées sur leur ouvrage sous la lampe éclairant le pied-de-biche, dans le tac-tac-tac de l’aiguille mécanique. O temps suspend ton vol…