Du 26 septembre au 5 octobre, le cinéma Le Régent de Saint- Gaudens a organisé un cycle de projections sur les problématiques socio-écologiques de notre temps. Des rencontres associées, des débats avec les équipes de films, ont mis en place avec divers partenaires, le Festival du climat de Barbazan, l’AREMIP, Liberté Comminges, le collectif zéro déchet zéro pesticide, Eth Ostau Comenges et d’autres.
Dans le cadre de cette série, trois films ont été projetés, De l’eau jaillit le feu, Les veilleurs de tourbières, et jeudi 5 octobre, le documentaire Paysans du ciel à la terre, en présence du réalisateur Hervé Payen et de la coréalisatrice Nathalie Wheatley.
Cette dernière soirée, en partenariat avec Nature Comminges, a commencé par de roboratives agapes dans le Bistrot du Régent, avec la dégustation de gourmandises gastronomiques locales, les charcuteries du Gaec du Cagire, éleveur de porcs et bovins à Aspet, et les fromages, vins et pain de la bio coop de Bio-Comminges. Savoureuse introduction au film d’Hervé Payen, qui met en scène la quête de Philippe Frutier, photographe aérien survolant les Hauts-de-France.
Alerté par les coulées de boue qui ravagent les immenses parcelles agricoles déshabillées de végétation, il a investigué sur le phénomène. Pour comprendre les causes du désastre écologique global de l’agrochimie et des pratiques conventionnelles, il a interrogé les premiers concernés, les agriculteurs. En bio ou pas, tous les intervenants, malgré des pratiques différentes, ont pris conscience que la vie du sol est la clé de l’agriculture de demain, et plus encore, du devenir de l’humanité.
La suppression des haies, des arbres, le labourage profond des sols qui tue la microfaune, qui asphyxie la terre, la tasse, provoque l’érosion et les ruissellements des pluies.Tout cela sur des décennies, a abouti à ce constat, la terre agricole meurt. Mais les consciences s’éveillent, les temps changent. L’évidence est là: il faut revenir à un modèle qui se rapproche du cycle naturel, réintroduire la vie dans le sol pour qu’il nourrisse lui-même la plante, et non le perfuser d’engrais et de pesticides néfastes pour la terre et pour les hommes. Au contraire, des sols couverts toute l’année d’engrais verts, de légumineuses, l’apport de matières organiques, un minimum de travail du sol, parmi d’autres pratiques, ramènent la vie, la biodiversité, évitent l’érosion et réenclenchent le cercle vertueux naturel.
Hervé Payen, au micro dans la salle rallumée, a raconté la genèse de ce film sorti en mars, qui a pris trois ans de travail à l’équipe : « Mon ami Philippe m’a dit: » il faut absolument faire quelque chose, tout cela m’inquiète, je me sens seul dans mon avion au-dessus de ce désastre. » Faire un film pour aller à la rencontre des agriculteurs, qui travaillent chacun à leur façon pour retrouver un sol vivant et appliquer des solutions, est l’idée qui s’est imposée. On a choisi un format documentaire. C’était tout nouveau pour nous, et nous sommes fiers du résultat, il plaît beaucoup. Surtout, il réunit dans la même salle des agriculteurs, des élus, des consommateurs, tous les acteurs du monde agricole. On le diffuse aussi dans les établissements scolaires, pour informer les jeunes générations. Ce succès nous rend heureux et nous motive davantage encore pour le porter.»
Le film, magnifié par la musique de la co-autrice Agathe Vannieu, n’est pas un pamphlet, il aborde avec tact et honnêteté la thématique du changement de paradigme agricole. C’est la démonstration simple et lumineuse de la nécessité d’abandonner le dogme institutionnel, de revenir à la source, au fonctionnement naturel ancestral qui s’est passé depuis les origines de la pétrochimie et des lobbys agricoles. Les paysans peuvent vivre de leur métier tout en préservant la planète, leur santé et celle des consommateurs. Les échanges furent riches et passionnants, et le film continue sa mission, sensibiliser le grand public aux thématiques agroécologiques. Une autre agriculture est possible et elle s’imposera.
