« Traversée des Pyrénées d’Ouest en Est, un simple défi envers moi-même ..! »
Didier, les gens de la vallée le connaissent bien. Jusqu’à peu, il tenait avec son épouse Carole la pharmacie d’Etigny sur les allées du même nom. Et puis comme souvent, au milieu d’un beau parcours professionnel, 54ans, la routine qui s’était installée, arrive l’envie de changement. L’opportunité se présente, on vend la pharmacie, on passe à autre chose…
Eh Oui ! mais l’arrêt est brutal, changement de choix de vie voulu, une volonté de construire une séquence pour une mise au point. L’Idée partir seul sur la Traversée des Pyrénées d’Ouest en Est, par le GR10.
Ancien rugbyman, arrivé sur Luchon en 2005, Didier Macip intègre très vite l’Equipe XV des Z’Isards. En 2012 sous sa présidence, le club champion de France organisera le 36ième Tournoi UFAR (Union française des anciens rugbymen). Enorme retentissement dans la cité thermale, manifestation qui accueillera plus de 1500 rugbymans et sympathisants, sur les 3 journées de compétitions. Didier sera aussi président de l’association des commerçants Luchon Passion de 2016 à 2020.
Didier : « J’avais besoin de me recentrer sur moi-même. Quand je suis arrivé à Luchon, c’est mon ami Olivier Déjean (Président de l’ANETO TRAIL) qui m’a fait découvrir et aimer la montagne. Très vite, j’ai opté pour le trail. Et donc tout naturellement l’idée a germé. J’avais la condition physique, je sors m’entraîner deux fois par semaine. J’adore les départs très matinaux, la nature est si belle et si calme. »
Un défi sur la longueur, distance, temps, se retrouver tout seul…Départ très tôt le matin, oublier les soucis…une page se tourne, on efface l’ardoise…équipé pour le DÉFI…un CHALLENGE..!
Déjà il faut s’organiser, se préparer, équipements, réservations des refuges, des gites, auberges, chambres d’hôtes, programmer les étapes. Didier : « Je ne me suis jamais perdu, concentré sur le balisage, chaque soir je préparais avec topo-guide l’étape du lendemain. Toujours concentré sur la balise suivante, décomposer les temps, les séquences, les objectifs, cols, passages délicats... »
30 à 35kms par jour – Au total 893kms parcourus sur 31 jours – 55000m de dénivelé positif.
Le plus dur ?
La traversée du Pays Basque à cause d’une météo déplorable, les pieds « déchirés, » par l’humidité au 4ième jour. Didier : « Heureusement mes connaissances en médecine m’ont bien aidé. Tous les soirs, je réparais mes bobos. J’avais le moral au fond des chaussettes. J’ai failli abandonner…repartir avec le brouillard, la pluie, les chemins glissants, le spectre de la mauvaise chute, la peur de se perdre...les patous, ces gros chiens blancs surgissant de nullement part en aboyant, agressifs.! Le secteur ariègeois est très impressionnant, sauvage, des étapes longues et harassantes.. »
Les nuits dans les refuges sont souvent agitées, la promiscuité, entre les ronfleurs, les couches tard, chaque nuit n’est pas réparatrice. Certains départs matinaux sont difficiles. Il faut se remotiver, penser à ses objectifs, à ses engagements même très intimes, ne pas gamberger, un rayon de soleil naissant derrière les vapeurs matinales peut être votre ami. Les paroles de remerciements du compagnon de la veille, avec qui vous avez partagé une bière : « Demain je vais profiter de la journée au refuge et de tes soins et de tes conseils, pour mieux repartir, merci à toi..! » Le mental, nous dit Didier, est basé sur les types de pensées « Ressources » et pensées « Limitantes », auxquelles se rajoute l’expérience, le vécu. Pour une analyse objective, l’estime de soi, de quoi suis-je capable ? Didier : « Face à une difficulté, à un terrain ou une situation dangereuse, faire une rapide analyse, ce que j’ai déjà vécu de similaire, faire attention, je maitrise, je peux le faire…ça marche !
Ce que j’ai préféré !
Didier : « Le secteur Néouvielle, la beauté époustouflante des paysages, le Pic du Midi d’Ossau, de Cauterets à Arrens. Le Canigou pendant 4 jours tu vois la mer au loin, tu sais que l’arrivée est proche, ça te donne des ailes. Et pardessus tout ça, les belles rencontres, tu côtoies de belles personnes avec qui tu partages des moments, un bout de chemin, l’entraide est une motivation supplémentaire de faire plus, de faire mieux, d’avancer ensemble. »
Les plus beaux moments auront été sans nul doute le jour où Jules son second fils est venu partager avec lui l’étape Cauteret-Gavarnie. La plus haute avec le Vignemale, pour décor, 14h de marche pour cette journée. Et aussi la journée de repos à Luchon entouré de toute sa famille, Carole son épouse, ses enfants Cyprien, Jules et Léonie la dernière. Deux journées qui feront partie des bons moments de ce long périple.
Aujourd’hui Didier a repris ses activités professionnelles, différemment. Cette expérience lui aura appris à gérer son temps, à séquencer, à se réserver, pour sa famille, ses amis. A mieux programmer ses interventions professionnelles. Depuis il a du mal à retrouver le sommeil, les douleurs articulaires se sont installées. Il continue toutefois à courir. Ses terrains de jeux sont plus éclectiques puisque professionnellement, il est amené à parcourir nos régions.
Dans tous les cas bravo Didier, merci pour les photos, merci pour ces moments, merci pour ces conseils…sur d’autres chemins la vie nous porte…
Contact : https://www.facebook.com/didier.macip