Ci-dessous, nous reproduisons in extenso le communiqué du collectif des enseignants du lycée Paul Mathou.
« Le lundi 11 mars , les enseignants du LPO Paul Mathou ont été reçus en audience par le DASEN (Directeur Académique des Services de l’Education Nationale), suite à une DGH (Dotation Globale Horaire), qui est en constante baisse depuis 2020, après la mise en place de la réforme du baccalauréat par M. Blanquer en 2019.
La réforme Blanquer en question
Le souci posé par cette DGH est qu’elle est calquée sur la structure de notre lycée, ce qui ne permet plus au chef d’établissement de faire une répartition des moyens sur les EDS (Enseignements de Spécialité) de 1ère.
Après avoir remonté en février dernier la fermeture de deux postes et demi (deux postes à temps plein en maths et sciences physiques et un demi-poste en SI), nous n’arrivons plus à offrir les EDS que nous offrions, jusqu’à présent, aux élèves de 1ère. Avec les malheureuses quatorze heures restantes sur notre marge d’autonomie, seuls trois EDS de 4h chacun peuvent être mis en place pour la rentrée prochaine. La raison étant que nous « sur-consommons » en Tle, puisque nous devons proposer les EDS pris et suivis par les élèves de 1ère (dix EDS avec NSI et deux rares LLCE Espagnol qui, au passage, n’est proposé que sur Paul Mathou sur le territoire du Comminges et SI).
Une carte scolaire ubuesque
Le problème de cette DGH est le résultat de deux facteurs qui se conjuguent:
– Le premier, c’est que la carte scolaire, telle qu’elle a été actée en 2011, lorsque le lycée est passé lycée de secteur, est très restreinte. Le lycée ne vit que sur deux petits collèges (Bertrand Laralde de Montréjeau avec 315 élèves et Charles Suran de Boulogne avec 180 élèves, dont une partie repart sur les établissements toulousains au sortir de la 3ème, en raison de son internat).
Aux alentours du lycée, nous avons aussi deux petits collèges des Hautes-Pyrénées (Loures-Barousse et Saint-Laurent de Neste), qui nous amènent des élèves, mais ils ne sont pas sectorisés. Les familles peuvent aussi bien envoyer les élèves à Paul Mathou, qu’au lycée Michelet de Lannemezan ou à Edmond Rostand de Luchon.
Il en va de même pour un des collèges de Saint-Gaudens, Didier Daurat, qui officiellement est rattaché au lycée Bagatelle de Saint-Gaudens. Certains élèves qui habitent les villages du Bazert peuvent venir sur Paul Mathou, mais ce n’est nullement une obligation. Pour ces raisons, nos effectifs ne cessent de diminuer et depuis 2016, nous sommes passés de cinq classes de seconde à quatre et de trois classes de 1ère et Tle G à deux.
Des classes à 36 élèves et pas d’ouverture de nouvelle classe malgré des demandes d’inscription
– Le second point est donc lié à cette carte scolaire ubuesque et au problème tout aussi ubuesque du calcul de la DGH. Comme nos effectifs baissent, l’an passé en juin 2023, voyant qu’après les affectations nous n’atteignons pas les 75 élèves pour une troisième classe de 1ère G, le Rectorat a décrété qu’il n’y aurait que deux classes de 1ère, sans tenir compte des élèves qui sont venus ensuite s’inscrire.
A la veille des vacances d’été, les deux classes étaient à 36 chacune et le lycée a ainsi refusé quatre inscriptions faute de place, car le Rectorat se refusait toujours à ouvrir la troisième classe, et ce, en dépit de son courrier de mai qui le stipulait. A présent, le lycée paie cette réduction de classes, puisque nous n’aurons que deux classes de Tle G bondées (36 élèves), avec la crainte de ne pas pouvoir reprendre les redoublants ou des élèves dont les familles viendraient à s’installer dans les alentours!
L’égalité des chances en Comminges en question
En conséquence, comme les EDS sont intrinsèquement liés au nombre de classes par niveau, nos deux classes de 1ère et de Tle, ne nous donnent droit qu’à six EDS financés pour le niveau 1ère et quatre pour le niveau Tle. Ceci est une vraie aberration pour des petits lycées ruraux tels que le nôtre! De ce fait, nos élèves n’ont plus la même offre de formation que dans les centres urbains. Avec un IPS (Indice de positionnement social), de l’établissement de quinze points en dessous de celui de l’académie et le fait que le Comminges soit une zone de revitalisation rurale, un effort particulier sur l’éducation devrait être fait, comme c’est le cas dans les établissements REP+.
Tout cela pose donc le problème de l’égalité des chances. En baissant la DGH, nous diminuons également notre offre de formation, ce qui risque à moyen terme d’aggraver la baisse des effectifs, puisque les élèves privilégieront un établissement plus riche en offre de formations. Dernier point, si nous ne sommes plus en mesure de proposer LLCE Espagnol, aucun autre des établissements environnants ne le proposeront (Luchon, Bagatelle et Lannemezan).
Nous nous sentons réellement lésés par la réforme Blanquer qui fait peser, de manière très cynique, la double peine sur les petits établissements ruraux.
Les politiques sur le front
L’audience du 11 mars au DASEN 31 s’est par conséquent conclue en une fin de non-recevoir à notre demande de rallonge de 30h pour pouvoir boucler notre répartition, avant qu’une réécriture de la carte scolaire ne soit mise en place, dans les mois à venir.
Dès lors, nous avons informé par courriel tous nos élus (sénateur, député de la 8ème circonscription, maires, présidents des communautés de communes, conseillers départementaux et régionaux), ainsi que Mme Delga. En effet, le DASEN est à présent conscient qu’une réécriture de notre carte est nécessaire et que cela doit passer, pour eux, via la Région qui doit concerter les trois lycées du Comminges!
Pression sur le DASEN et la Région
Des élus nous ont répondu et ont même écrit directement au Recteur (les conseillers départementaux et le Président de la CC Pyrénées Haute-Garonnaise). M. Aviragnet a demandé un rendez-vous avec le DASEN pour fin avril. Une pétition a été mise en place par le maire de Montréjeau dans l’accueil de la mairie.
Jeudi 4 avril, nous faisons une HIS durant laquelle nous allons tenter de lister des actions à mettre en place, à la rentrée des vacances, pour faire du bruit et maintenir une certaine pression sur le DASEN et la Région. »