La grotte de Coupe-Gorge a de nouveau livré aux archéologues qui fouillent actuellement ses flancs, un autre trésor, après l’humérus humain découvert l’an dernier, dont la valeur scientifique est inversement proportionnelle à sa taille. En effet, caché dans le granulat et les restes de la microfaune, un minuscule fragment de dent humaine a été décelée dans les sédiments récoltés et stockés lors de la précédente session de fouille. C’est au musée de l’Aurignacien qu’elle fut repérée, au cours d’un atelier où les scientifiques initiaient le public au tri post fouilles.
Aussitôt minutieusement examinée à la binoculaire par la paléontologue et maître de conférences Amélie Vialet, du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN), qui dirige le programme triennal de fouilles sur le site, la dent appartiendrait à un Homo Sapiens, sans risque d’erreur. Dans sa boîte protectrice, le fragment dentaire est minuscule mais son importance scientifique est inversement proportionnelle à sa taille.
« D’après mes observations, livre Amélie Vialet avec enthousiasme, ce serait une dent en calcification, donc encore dans la mâchoire d’un enfant, sous les dents de lait. A confirmer bien sûr ultérieurement, lors des analyses en laboratoire pendant l’hiver. »
Cette dent humaine, à laquelle il manque la racine et la partie symétrique supérieure, conforte l’hypothèse que l’humérus précédemment découvert appartiendrait bien à Homo Sapiens. Les deux vestiges ont été mis au jour dans le niveau 2 du programme de fouilles, une strate qui correspondrait à une période allant de -55 à -45 000 ans, un peu antérieur au Paléolithique supérieur (-40 000 à 10 000 ans), apparemment fréquentée par Homo Sapiens. « C’est un argument de plus en faveur de cette hypothèse. » L’équipe composée d’une douzaine d’étudiants venus de différentes universités et de scientifiques chevronnés, va maintenant travailler à confirmer la datation de la strate.
Ces vestiges humains s’ajoutent à ceux trouvés par Louis Méroc, préhistorien archéologue qui a fouillé Coupe-Gorges de 1945 à 1961 : un fragment de mandibule d’enfant et une prémolaire brisée. « C’est dire que l’occupation du site par l’homme est de longue durée, abonde Amélie Vialet. » En lien avec l’activité humaine, on trouve aussi dans la grotte des galets percuteurs façonnés, des os de gibier présentant des fractures provoquées par des outils tranchants.
La session de cet été est la dernière du programme triennal, qui doit être renouvelé. Actuellement le niveau 3 de la grotte de Coupe-Gorge est exploré, il s’ouvre sur des sédiments plus anciens, jusqu’à -160 000 ans, au Paléolithique Moyen. Des vestiges de la faune locale sont nombreux, bois et os de cerfs de grande taille, d’ours, de bisons, de chevaux, de rennes, vivant dans un climat encore très froid.
Les potentialités du secteur sont immenses, les scientifiques s’en réjouissent, et les strates les plus anciennes sont les plus prometteuses. Cette avancée majeure dans l’exploration archéologique du site de Coupe-Gorge augure d’une provende prometteuse à long terme. Elle ouvre un nouveau chapitre de l’immense histoire humaine du territoire Montmaurinois.
Samedi 31 août à 10h, bilan de fin de chantier de fouilles et présentation d’objets issus de la campagne de fouilles, au musée archéologique de Montmaurin. 05 61 88 39 94.