Le village de Labarthe-Rivière expérimente le cataclysme annoncé de la désertification médicale qui menace de plus en plus irréductiblement le territoire du Comminges. Une situation qui éclaire l’abandon de fait dont font l’objet les zones rurales.
Labarthe-Rivière est un village heureux qui bénéficie de la présence d’un cabinet médical avec deux médecins. Ça, c’était hier, parce que désormais le temps présent n’est plus de mise, la phrase doit s’écrire à l’imparfait. Le 3 septembre, l’un des deux médecins, une doctoresse, a cessé son activité.
Quelles que soient ses raisons, elles sont légitimes. Et elles doivent être respectées, ne serait-ce que parce qu’elle a largement dépassé l’âge de faire valoir ses droits à la retraite. C’était un médecin reconnu pour son attention aux patients, disponible au-delà de l’imaginable, voire du raisonnable.
Certes, le départ est brutal pour sa patientèle. Elle a quitté ses fonctions en affichant une simple lettre sur les murs du cabinet médical, effleurant pudiquement les raisons personnelles qui ont fort justement motivé une décision très certainement mûrement réfléchie, une décision fort probablement difficile à prendre pour elle, et peut-être même encore plus difficile à expliquer à ceux de ses patients qui s’étaient attachés à elle, depuis 2010 qu’elle officiait à Labarthe-Rivière.
Mais en aucune façon, elle ne saurait porter la responsabilité d’une situation générée par une pénurie de médecins qui la dépasse, parce qu’elle n’est évidemment pas de son fait. Bien au contraire, avec ses confrères commingeois qui ont aussi largement dépassé l’âge de partir à la retraite, mais qui continuent cependant à travailler, elle a été, et ils sont, l’arbre qui cache l’immensité d’une désertification qui ne cesse de progresser, au risque de devenir explosive avec le départ forcément imminent de tous les médecins sexagénaires et septuagénaires qui s’efforcent de repousser l’inéluctable. Ainsi, si rien ne change, s’annonce un tsunami de patients sans médecin traitant, voire sans médecin du tout.
Face aux habitants, les premiers élus concernés sont bien sûr les maires. Claire Vougny, maire de Labarthe-Rivière, en fait la douloureuse expérience. Elle peut bien se multiplier, solliciter le conseil de l’ordre (qui fait la sourde oreille), alerter les élus (départementaux, régionaux, nationaux) et aussi la presse régionale, voire nationale. Elle ne résoudra rien, parce que ce n’est pas à son niveau que le problème se traite.
Sauf à ce que tous ses pairs élus locaux, maires et conseillers municipaux, ne se lèvent comme un seul homme pour hurler aux représentants de l’État le désarroi d’une patientèle désemparée en voie d’abandon trop ignoré. Trop, c’est trop…