L’Ostau Comengés, (La Maison du Comminges) ou la substance d’un territoire
Cette association, créée il y a une vingtaine d’années, œuvre à la visibilité d’une réalité culturelle sous-jacente à notre quotidien au travers des noms de lieux, de l’organisation paysagère, son architecture et la langue occitane présente mais fragile dans l’intimité des familles. L’ostau, la maison était et demeure encore pour beaucoup un encrage existentiel. Si le prénom identifie les personnes, elles sont identifiées socialement sur l’ostau avant le nom patronymique. Cette réalité profonde existentielle est incluse dans le patrimoine dit immatériel et rejoint la notion de « Droits Culturels » actée par les Communautés de Communes en Comminges. Cette action de l’Ostau Comengés converge avec les démarches semblables au plan européen, le réseau Tramontana.
Eth Ostau Comengés en Pologne avec le réseau Tramontana
Créé en 2011 à l’initiative d’une poignée d’entités d’Italie, du Portugal et de Gascogne, le réseau européen Tramontana œuvre pour la valorisation du patrimoine culturel immatériel des montagnes d’Europe. Depuis le premier juillet et pendant quarante mois, ce sont onze structures établies en Pologne, en Albanie, en Roumanie, en Italie, au Portugal, au Pays Basque et en Gascogne – Eth Ostau Comengés, Numériculture-Gascogne et Radio País – qui participent à la quatrième édition de ce projet. Du 15 au 19 septembre, elles se réunirent ainsi dans les montagnes des Sudètes (au sud de la Pologne) à l’invitation de l’association Akademia Profil. Ce fût un moment convivial qui permit aux partenaires qui ne s’étaient pas vus depuis la pandémie de 2020 de se retrouver et aussi d’intégrer les participants qui viennent de rejoindre l’équipe. Ce forum leur permit surtout d’échanger et d’établir une méthodologie commune et d’affiner les axes de travail.
La première thématique porte sur l’eau.
On ciblera ainsi ses différentes utilisations et sa perception par les habitants : droit, propriété, gestion/privatisation, irrigation, disparition des zonas humides, sécheresses et inondations, mais aussi les sourciers, le culte des eaux, les rites météorologiques. Le second thème est la transhumance et le pastoralisme. Il sera question des itinéraires suivis par les hommes et par le bétail, de l’art pastoral et de l’architecture, mais aussi des problèmes que connaît aujourd’hui la profession, du conflit domestique/sauvage, des prédateurs, du rapport avec les animaux, de la vision et de la connaissance du territoire par ses acteurs, en questionnant et peut-être en renversant la dichotomie entre hommes, animaux et monde sauvage. Enfin, on étudiera l’impact des migrations sur la vie privée, les conflits entre permanents et résidences secondaires, les effets du tourisme. On questionnera aussi les migrations et la marginalisation des cultures autochtones, ces dernières années.
Ces pratiques ou évolutions seront observées d’un point de vue ethnographique, avec la volonté d’apporter des réponses aux questions de préservation du milieu naturel et des migrations qui nous traversent de toutes parts. Le projet a débuté par une phase de collecte et de recherche de terrain afin de documenter ces sujets en divers points de notre territoire. Une fois ces matériaux catalogués, ils seront analysés collectivement. Dans la phase de diffusion du projet, ils seront restitués à la population de diverses manières : publications scientifiques, expositions, conférences, médiations scolaires, résidences et créations artistiques ou encore des festivals.
Vous l’avez compris, il s’agit d’un projet ambitieux et passionnant, vous n’avez pas fini de d’entendre souffler Tramonanta.
Pour en savoir plus www.re-tramontana.or