Est-ce que toutes les vies se valent ? Depuis Osiris…

Billet d’humeur  de Louis Rouquayrol … ou comment trouver dans les siècles passées des justificatifs injustifiables de nos jours !

Il fût un temps que ni vous ni moi n’avons connu. Un temps où les hommes se pensaient appartenir à la civilisation qui éclairait le monde. Leur royaume était divisé en deux : celui des vivants et celui des morts. Le premier était celui de Pharaon, le second celui d’Osiris. Le destin des défunts était assujetti à la pesée de leur âme que les égyptiens plaçaient dans le cœur. De cette pesée dépendait leur destinée dans l’au-delà.

Il y a 4000 ans, soit de manière plus ou moins concomitante, une autre civilisation naissait à l’autre bout de la terre. Elle se pensait elle aussi comme le centre du monde au point qu’elle aurait un nom : l’empire du milieu.

L’une et l’autre étaient porteuses d’innovations, s’enrichissant de savoirs lointains importés et symbolisaient la puissance, une forme de modernité. Aujourd’hui, certains y voient le siège des futures religions monothéistes, de courants philosophiques majeurs.

Si elles avaient été plus proches, on peut se demander qu’elle aurait été l’attitude de l’une envers l’autre. Coopération, commerce ou guerre de territoire ? Imposition d’une religion ou assimilation ? Métissage ou esclavage ? Nous ne saurons jamais mais l’histoire de l’une et de l’autre nous montrent que Pharaon et l’Empereur n’étaient pas vraiment de nature à pactiser avec ceux qui n’appartenaient pas à leur monde, à leur corpus de pensée.

Quatre mille ans ont passés. Dans l’intervalle l’humanité n’a jamais été vraiment en paix au point que les 70 ans de tranquillité que nous avons vécus en Europe jusqu’à peu fait figure d’exception. Je voulais vous parler aujourd’hui d’une région aussi riche de son histoire que des civilisations qui l’ont vu naitre : le Moyen-Orient.

Ici point de cours d’histoire ou de morale, un simple constat : les savoirs millénaires, la naissance des civilisations, la sortie du paléolithique par la naissance de l’agriculture dans la voisine Mésopotamie, la présence des trois religions du livre…toutes ces raisons dans lesquelles il serait possible de puiser pour amener la concorde au nom de toutes leurs sagesses (mais le sont-elles) sont impuissantes à rétablir la paix. Pire encore, et en dehors de toute considération géopolitique régionale, forcement complexe, on n’y voit qu’une chose : la longue litanie des massacres de part et d’autre, l’application pure et simple de la Loi du Talion. A part qu’il n’y a, en l’espèce, aucune déclaration de guerre entre les belligérants. Michel Serres appelait cet état de fait par l’appellation qu’il convient en pareil cas : terrorisme, et il faudrait y ajouter un S terminal.

Alors je repense au poids des âmes et je m’interroge. Le cœur des uns sont-ils moins purs que ceux des autres puisqu’aujourd’hui on s’émeut légitimement pour la perte des uns dans l’indifférence médiatique, ou presque, pour la mort des autres ? Soupesons le poids des photos disponibles. Si vous voyez une différence d’entre les morts je vous laisse tenir la balance mais il me semble à regret qu’ils n’ont pas le même poids…

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