La commune de Cabanac-Cazaux a célébré comme à son habitude la cérémonie du 11 novembre. A l’issue de cette manifestation le conseil municipal et les villageois ont aussi célébré le centenaire de la création et de l’implantation du monument aux morts érigé en 1924.
Le maire Gilles Favarel a retracé son histoire avec son inauguration qui avait eu lieu en juin 2024 sous la demande soutenue de la population de l’époque.
« La commune reconnaissante » à nos 9 enfants de Cabanac morts dès les premiers jours de 1914
Plus de trente personnes présentent représentant 1/4 du village lors de cette cérémonie se sont ainsi réunies autour de Gilles Favarel. Un moment émotionnel fort avec ce devoir du souvenir retracé humblement par le maire qui n’a pas ménagé sa peine dans un travail minutieux de recherche dans les délibérations et l’état civil de la commune sans oublier l’aide précieuse de proches .
Ci-joint le contenu détaillé de ce discours où les villageois peuvent retrouver toute l’histoire de ce monument.
« Les débuts de la grande guerre ont été les plus meurtriers. Près d’un soldat français sur 5 a été tué pendant la première guerre mondiale. La commune de Cabanac-Cazaux n’a pas été épargnée perdant elle aussi des enfants du village morts au combat dès les premières semaines ou quelques années plus tard, des suites de blessures ou de maladies.
Nos héros de nos campagnes innocents, très jeune entre 18 et 40 ans, envoyés dès les premiers jours au combat en première ligne au champ de bataille, bafoués, humiliés et là les premières hécatombes de soldats, le sacrifice des régiments du Sud-Ouest. Dès le 22 août 1914, le 17e corps d’armée de Toulouse connaît notamment son premier combat à Bertrix, dans les Ardennes belges. Les Ariégeois, Tarn-et-Garonnais, Gersois, Lot-et-Garonnais, Haut-Garonnais, Lotois engagés y subissent une défaite écrasante.
En six heures d’affrontement, sur un front de seulement 6 km, plus de 30 000 hommes y font leur baptême du feu et y découvrent la nature de la Grande Guerre : un ennemi invisible sur un champ de bataille saturé de projectiles, une mort anonyme et statistique où la valeur personnelle du soldat n’a aucune influence. C’est aussi ça l’histoire de nos enfants du village morts pour la patrie, il faut le rappeler.
Après cette guerre, le 04 janvier 1920, le Maire JULES LOUSTALOT et son conseil municipal décident de commander une plaque commémorative en marbre d’Italie ou nous pouvons lire: « Aux enfants de Cabanac morts pour la patrie 1914-1918 ». Sept noms sont gravés dessus:
TAPIE Honoré, SALANEUVE, PONS (pas de plaque émaillée), LEBRON, TAPIE Jean, RAUFAST, CAILLAU ;
Cette plaque initialement prévue pour être installée dans le cimetière communal, sera finalement fixée à l’intérieur de l’église Sainte-Catherine en complément des plaques commémoratives nominatives données à la commune par 6 familles sur 7. Ce monument a d’ailleurs été inscrit en 2009 au patrimoine communal au titre des objets protégés Monument Historique par le Ministère de la culture.
Après la réalisation de cette plaque, deux autres enfants du village décéderont plus tard sur la commune ou à l’hôpital des suites de cette guerre de blessures ou de maladies notamment la tuberculose:RIBET Léon et DUBUC Jean. En 1923, Pierre ESTINES alors Maire et son CM proposent en réponse aux vœux de la population entière, d’ériger une colonne en marbre blanc « futur monument aux morts de la commune » Sera gravé sur cette colonne » A nos enfants glorieux, la commune reconnaissante ». Les 9 noms seront bien identifiés ayant entre 18 ans et 40 ans: Tapie Honoré, Salaneuve Louis, Raufast Raymond, Tapie Jean, Lebron Dominique, Pons Jean, Ribet Léon, Caillau Marcel et Dubuc Jean.
Ce monument sera installé à l’entrée du village et inauguré avant l’été 1924 par une grande fête publique avec la participation de musiciens et bien d’autres invités.
Le temps passe. L’ancien cimetière ou nous sommes (actul jardin du souvenir) est désaffecté depuis 1914 . Pour mémoire, dès aout 1912, Pierre ESTINES maire et son CM avaient décidé de procéder à la translation vers un nouveau cimetière à la sortie du village (c actuel) car celui-ci était trop exigu au cœur du village. Les travaux ont été réalisés en 1913 et sa mise à disposition aux familles dès fin 1913/début 1914).
C’est en 1991 que le Maire Henri BARES et son CM souhaitent aménager ce lieu plus du tout entretenu, quasiment devenu friche au cœur du village et propose de réaliser un jardin du souvenir considérant aussi que certaines familles de l’époque n’avaient pas eu les moyens financiers de transférer les derniers ossements toujours présents dans les profondeurs de ce lieu. C’est aussi l’occasion de recentrer le monument aux morts au cœur du village dans ce lieu de recueillement. Après une consultation, un referendum de la population du village dès la fin juin 1991 et un avis favorable, le monument aux morts sera transféré dans les mois suivants au nouveau jardin du souvenir.
Enfin, une croix en fer forgée réalisée par M. SANSAT à sa propre initiative et à ses frais en mémoire de nos anciens dans cet ancien cimetière sera installée dans les prochains mois.
Voilà en quelques mots plus de 100 ans d’histoire retracée depuis la première guerre mondiale et la reconnaissance de la commune à nos enfants morts pour la patrie et l’attention particulière que nous devions avoir pour célébrer les 100 ans de ce monument à l’occasion de cette cérémonie et ce moment de recueillement. N’OUBLIONS JAMAIS »
A l’issue de ce moment particulièrement solennel tout le monde s’est rassemblé dans la salle communale autour du verre de l’amitié et d’échanges devant une exposition de photos ..