Comprendre et se faire comprendre

Comprendre et se faire comprendre : Une obligation plus qu’une contrainte!

La complexité et la marge d’incertitude que dégagent les comportements humains, nous conduisent à redoubler de vigilance dans la relation que nous engageons avec nous même et avec autrui. Entre le conscient et l’inconscient, le visible et l’invisible, le dit et le non dit, la prudence s’impose dans le décodage du langage et des comportements. COMPRENDRE doit nous aider à déjouer les « pièges » que nous nous tendons. Ceci posé, que nous faut il comprendre ?
L’Homme est un animal qui vit de besoins différenciés et de pulsions qui gouvernent une partie non négligeable de ses comportements. De plus, il est aussi animal social qui se meut dans des sociétés et des groupes qui répondent à ses besoins tout en les complexifiant. L’ Homme social vit en relation étroite avec ses semblables. Il n’a de cesse de trouver sa place, de s’insérer et de se faire reconnaître par ces derniers. Ces sociétés et ces groupes humains favorisent la mutualisation des différences de chacun de ses membres afin de les mettre à disposition de tous. Pourtant, dans le monde actuel, fait de communautés multiples et variées, la difficulté de compréhension et le risque d’incompréhension s’accroissent et avec eux s’amplifie le risque de rupture, d’isolement et de repli sur soi . Or, de jour en jour, la nécessité de s’unir pour FAIRE ENSEMBLE, ne cesse de grandir. Cet impératif nous oblige à comprendre et à nous comprendre.
Consacrons un instant à la sémantique pour s’entendre sur la définition que nous retenons de comprendre:

  • saisir par l’esprit, l’intelligence ou le raisonnement, quelque chose, le sens des paroles, les actes de quelqu’un.
  • Saisir par l’esprit, l’action, le comportement de quelqu’un en entrant dans ses raisons, ses mobiles, participer à sa manière de voir, de réagir.
  • Apprendre d’emblée et par la sensibilité, la nature profonde de quelqu’un, d’un art, s’en tenir proche, en avoir une connaissance intuitive.
    Ces définitions suggèrent trois principes essentiels à l’acte de compréhension :

1 – comprendre naît de l’acceptation de soi, de son unicité, de ses limites. Ceci conduit à accepter l’autre, comme « autre que moi » avec son unicité et ses limites qui constituent sa différence. l’acceptation de cette différence conditionne l’ état d’esprit favorable à la compréhension.
2 – Comprendre demande à sortir du continuum sympathie/antipathie pour accéder à l’empathie qui permet d’entendre autrui sans être autrui. Autrement formulée, l’empathie consiste à se mettre à la place de l’autre sans quitter la sienne.
3 – Comprendre mobilise l’intelligible et le sensible, la raison et l’émotion. La sensibilité et l’intelligence sont indispensables à la « vraie » compréhension. Trop de l’une ou de l’autre, l’absence de l’une ou de l’autre, la déforme, générant l’incompréhension.
La maîtrise de deux « outils » : mieux écouter et mieux se faire comprendre favorise l’accès à la pensée de l’autre pour le premier et l’accessibilité de l’autre à ma pensée pour le second.
MIEUX ECOUTER, passe par apprendre à se taire. Mieux écouter demande aussi de comprendre au delà des mots, des postures, des gestuelles, ce que l’interlocuteur tente d’exprimer, sans pouvoir ou sans vouloir préciser plus avant sa pensée ! Mieux écouter s’attache à ce qui est dit autant qu’à ce qui ne l’est pas. Comprendre le « non dit », saisir « l’invisible » reste au cœur du mieux écouter. Le triptyque du bon écoutant peut se résumer à : laisser parler, questionner, reformuler. Enfin, les parasites de l’écoute que sont principalement : le langage abstrait, les sigles et les jargons techniques, les temps de paroles mal maîtrisés, le manque de clarté et le manque de conviction doivent faire l’objet de toute notre attention afin de les réduire .
MIEUX SE FAIRE COMPRENDRE, concerne l’art de dire et d’exprimer mais surtout la capacité à ajuster sa façon de dire à son interlocuteur. La dimension pédagogique prend toute son importance dans la relation de communication avec autrui. Savoir « s’ajuster » à l’autre conditionne la confiance et la proximité et avec ces dernières, l’expression plus authentique de la pensée et des émotions.
La notion d’attractivité, a son importance dans la relation authentique entre deux individus. Les ingrédients qui la font naître se retrouvent dans l’ambiance, l’environnement, le but poursuivi, le plaisir de l’échange, etc…et sont déterminants dans l’envie d’écouter, de dire et de se confier, de comprendre et de se faire comprendre.

Nos croyances et nos certitudes nous incitent à dire « je sais ». Pourtant, il nous faut admettre que « nous croyons savoir » et que, quoiqu’il en soit, nous ne pouvons tout savoir. Ce que nous ne savons pas, un autre peut le savoir. Aussi, confronter le soi à autrui, permet de faire évoluer sa connaissance et ses croyances, de comprendre l’incertitude de nos savoirs et de constater l’incomplétude persistante des connaissances dont nous disposons . Accepter cet état de fait valorise la différence, rend toute sa légitimité à l’identité de chacun et ouvre la pensée à la concurrence des idées et à la richesse de la diversité. C’est pour cela que « l’obligation » de comprendre et de nous comprendre prend toute son importance.

Jacques Montaldo

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