Arborigenius a produit son premier bal de danses traditionnelles à Boussens en octobre dernier.
Nous avons retrouvé pour l’occasion Claude Sicre du fameux duo « Les fabulous troubadours » qui a marqué la fin de siècle en Occitanie et au delà. Le parcours de Claude est ponctué d’actions militantes pour la promotion de la culture occitane, mais aussi en tant que musicien il a été organisateur et initiateur de nombreuses manifestations. C’est aussi un chercheur, un inventeur imperturbable avec la part du risque encouru dans ces innovations impromptues.
Vers les années 80, la sortie du disque « Riga Rago » auquel il avait collaboré avait été plébiscitée par France Culture. Dans ce concept Arborigenius la patte de l’inventeur est identifiable. Ce fut pour les danseurs un moment de découverte de pratiques festives anciennes ou réinventées, orientées sur la participation ludique du public. La recherche est basée sur la substance des pratiques traditionnelles dans leur fonction de mise en sociabilité festive. Le public s’est laissé entrainer aisément dans cette aventure et l’on voyait les visages s’ouvrir de plaisir. Le tout est porté par une base rythmique simple mais pertinente, transe.
Cinq chanteurs et musiciens et deux personnes en animation danse ont réussi l’adhésion du public avec un réel succès. La formule musicale est minimaliste, écologique d’une certaine manière par l’utilisation géniale d’anciens outils et ustensiles réformés, dans une utilisation efficace, tout à fait musicale. L’objet n’est pas la performance dans la dextérité de l’exécution instrumentale, mais il s’agit de faire se mouvoir les danseurs dans une allégresse festive, malicieuse même. Le choix de l’orchestration et les moyens, comme la pertinence musicale sont indubitablement le fait d’une connaissance profonde des cultures musicales traditionnelles, d’ici et d’ailleurs.
Pour une première, l’avenir de cette formation originale et extrêmement sympathique promet de nous étonner encore. Arborigenius porte un quelque chose de la transition culturelle nécessaire, une sorte d’écologie de la pensée pour s’extraire de la pseudo culture issue de la marchandisation et du formatage numérique.