« Cela ne concerne pas directement le Comminges, mais par ricochet nous sommes impactés. Même si nous avons limité la casse cette année, rien ne dit que nous n’allons pas être menacés en janvier avec une réduction des moyens dans les établissements commingeois », déclare Jean-Paul Ferré, président d’Eth Ostau Comengés.
Depuis le début de l’année 2019, les enseignants d’occitan de l’académie de Toulouse sont mobilisés. Rencontre avec Emmanuel Isopet, président du CREO Tolosa.
E. Isopet, pouvez-vous nous dire ce qu’est le CREO et quels sont ses objectifs ?
C’est le Centre Régional des Enseignants d’Occitan de l’académie de Toulouse. C’est une association qui réunit les enseignants de langue d’oc, de l’école maternelle à l’université. Cette association, qui fête cette année ses 50 ans, a pour objectif de promouvoir la transmission de la langue occitane, en particulier dans l’enseignement. Elle s’associe pour cela à d’autres associations occitanes. Elle est aussi un lieu de soutien, de formation, d’échange et d’entre-aide.
Pour quelles raisons le CREO et ses partenaires s’opposent-ils à la réforme du lycée ?
La réforme du lycée marque une régression pour l’enseignement des langues en général, et de la nôtre en particulier. Plusieurs possibilités d’enseignement de l’occitan ont ainsi été supprimées ou dévalorisées.
Grâce à l’action de notre association et de nos partenaires associatifs et élus de toutes tendances, nous avons obtenu la possibilité que l’occitan puisse être choisi comme LVB (ancienne LV2) mais sa mise en place a été très chaotique et est encore trop partielle.
Nous demandons que la possibilité de suivre un enseignement d’occitan soit proposée à un maximum d’élèves et que cet enseignement soit valorisé au bac, au moins autant que les langues et cultures de l’antiquité.
Quelles actions avez-vous mené en 2019 ? Pour quels résultats ?
Depuis le début de l’année nous avons alerté les autorités de l’Éducation Nationale, à tous les niveaux.
Nous avons rencontré leurs responsables à de nombreuses reprises et organisé des manifestations régulières les mercredis après-midi devant le rectorat ou les inspections académiques. Nous avons également alerté les élus. Quelles que soient leurs tendances politiques, ils sont nombreux à nous soutenir et à relayer nos demandes.
L’attachement de la population à la langue occitane.
Nous avons découvert à cette occasion le profond attachement de la population et de nos représentants à notre langue et notre culture. Ce lien, très personnel et profond à nos racines et à celles du pays que nous habitons, est souvent silencieux, mais a su se faire entendre, en particulier lors de la manifestation toulousaine de février. Organisée en moins de 15 jours, elle a réuni plus de 3000 personnes.
Baisse des moyens et des effectifs.
Malgré cela, le dossier n’a pas avancé comme nous le souhaitions et la rentrée a confirmé nos craintes avec la baisse des moyens et des effectifs et la suppression des cours dans certains lycées. Face au manque de réaction de l’Éducation Nationale, nous avons participé à une manifestation réunissant toutes les langues de France à Paris, devant le ministère. Une délégation a été reçue. Nous attendons maintenant un geste de sa part.
Quelles sont les perspectives pour 2020 ?
Le moins que l’on puisse dire est que le ministère ne se montre pas pressé de réagir. Nous aurons donc sûrement d’autres actions à mener en lien avec les associations des autres langues régionales.
Dans l’académie de Toulouse, le nouveau recteur nous a reçus dès le mois de septembre et nous devons nous revoir en janvier pour faire le point sur la rentrée 2019 et envisager celle de 2020. Nous espérons que cela sera constructif, d’autant que la convention Rectorat-Région pour le développement de l’enseignement de l’occitan, prévue par la loi, devrait enfin être signée et permettre une relance, notamment de l’enseignement bilingue français-occitan dont l’intérêt pédagogique est reconnu.