Ingrid Commenge habite à Labastide-Clermont depuis sept ans. Tombée sous le charme de ce village convivial où il fait bon vivre, elle décide de se rapprocher des valeurs qui lui sont chères. Son épicerie Labastidienne a ouvert ses portes pendant le confinement, proposant des produits locaux, de première nécessité et de consommation courante.
» Comment avez-vous pris la décision d’ouvrir votre épicerie pendant le confinement ?
L’épicerie devait ouvrir avant le confinement. Tout d’un coup, ça a été le coup de massue. Tout s’est arrêté à cause du confinement. Les papiers n’étaient pas faits, mais je suis tombée sur une dame qui m’a épaulée et qui m’a dit « Ne bougez pas, vous allez voir ! ». Toutes les procédures ont été faites et nous avons ouvert le 3 avril. À ce moment, je n’avais pas le moyen de parler à qui que ce soit de l’ouverture car nous étions confinés. La grande famille Labastide s’est réveillée, le maire et l’ancienne épicière ont appelé tout le monde. Je me rappelle du premier jour où j’ai ouvert la porte de l’épicerie, le stress était là. Je pensais qu’il n’y aurait personne, en fait ça a été complètement l’inverse. »
« Quels produits vendez-vous ? D’où viennent-ils ?
J’ai l’épicerie classique avec les marques que l’on connaît, mais j’ai aussi fait des rencontres qui m’ont permis d’ouvrir beaucoup de choses. Par exemple, j’ai rencontré une dame de Castelnau-Picampeau qui fait des fromages à dix kilomètres d’ici, elle a la patate et ça fait du bien de rencontrer des gens comme ça. J’ai du thé, j’ai du savon fait main artisanal. On recherche l’authenticité et le direct producteur, c’est vraiment notre mot d’ordre. »
« De quel(s) village(s) viennent vos clients ? Ont-ils apprécié votre initiative d’ouvrir en pleine épidémie de COVID-19 ?
Mes clients viennent de Gratens, de Bois de la Pierre, de Peyssies, il y en a même qui sont venus de Rieumes grâce au bouche-à-oreille. Ils ont été contents, oui, car j’ai vu beaucoup de personnes en détresse pendant le confinement qui ne pouvaient plus sortir de chez eux de peur de l’attraper. Alors de bon coeur j’allais les livrer, ce sont des gens qui reviennent aujourd’hui, on discute souvent. La porte de cette épicerie est ouverte, les gens passent, discutent, ils se connaissent. C’est un lieu d’échange et c’est ce qu’il fallait. Les relations humaines commencent à se resserrer, on le sent après ce qu’il s’est passé, et ça fait du bien de voir que l’être humain est encore là finalement. »