Un garçon, souriant, disponible, jeunes femmes pas d’empressement… Sébastien Giméno qui vient de fêter ses 43 ans, est marié, deux filles, comblé quoi..!. Quand vous lui parlez d’agriculture, il pèse ses mots et il tient à ce que vous compreniez toute la philosophie, de l’élevage, de l’amour du travail bien fait, tout se prépare, se calcule, rien n’est laissé au hasard. Déjà ça commence par un site privilégié où se situe l’exploitation, environnée de prairies et de forêts, « véritable puits à carbone » dit-il. Son père et son frère, Jean-François, son ainé de 21 ans tenaient la ferme sur la commune de Luchon.
D’ailleurs la société d’exploitation, EARL de La Pique, a toujours son siège à l’adresse familiale. Son autre frère Patrick quant à lui s’occupe des ovins, exclusivement sur le secteur Luchonnais. Aujourd’hui la partie de l’activité, élevage de bovins, se trouve au bord du Lac de Géry sur la commune de Saint Béat, près d’un axe routier ouvert sur la campagne. Les bâtiments sont concentrés autour de la maison d’habitation, au plus près des bêtes. Une grande partie du cheptel, se retrouve ici, tout l’hiver. Les « mères » avec leurs petits sont dans un bâtiment non loin de là, au calme, sur 10 hectares de pacage.
Sébastien Giméno :
« L’important c’est l’alimentation et l’environnement que l’on offre aux bêtes. En ce moment, depuis le mois de juin les vaches sont en « estives » jusqu’à la mi-octobre, si tout se passe bien. Tous les jours, mes frères ou moi allons vérifier l’état de santé du troupeau. En effet tout peut arriver : accidents, chutes, attaques de prédateurs comme celui de l’ours, (en 2019 30 brebis tuées), un vêlage qui se passe mal. Nous intervenons immédiatement pour rapatrier si besoins la ou les bêtes concernées. D’ailleurs ce comportement nous l’avons tout au long de l’année, en contact permanent avec les animaux, nous décelons très vite des comportements anormaux. S’agissant d’un cheptel de taille raisonnable, 80 génitrices, avec les veaux l’on peut arriver en fin octobre à plus de 200 animaux, avec les 3 taureaux. Nos bêtes restent 5 à 6 mois en estives pâturant de l’herbe chargée en Oméga3, imaginez la qualité de la viande…»
Le jour de notre rencontre nous avons fait la connaissance de « Nonette » une belle Limousine, qui était en convalescence à Géry, après une césarienne qui a permis au vétérinaire d’extraire son veau mort. Elle se remettait de cette épreuve parmi ses jeunes collègues redescendues de la montagne, Sébastien craignait que ces dernières non pleines, n’aient l’audace de ce faire « prendre » (saillir) par un taureau d’un autre élevage, le but étant de garder les qualités intrinsèques de la race Limousine.
Les vêlages se font à l’extérieur dans les prairies proches du lac de Géry. Aux premiers froids de l’automne, le troupeau rentre dans les étables. L’alimentation se compose à 90 % de foin et 10 % de céréales. Les bêtes destinées à la boucherie sont engraissées pendant 6 à 8 mois. Leur alimentation reste à dominante fourragère avec une augmentation progressive de céréales dont l’éleveur a le secret. L’exploitation est en cours de certification HVE (Haute Valeur Environnementale), https://hve-asso.com/garantissant un respect des règles environnementales (Biodiversité, maîtrise de la ressource en eau, intrants limités, une agriculture plus autonome vis-à-vis des engrais, de l’irrigation et des produits de traitements). L’éleveur porte un grand sérieux aux considérations environnementales.
Un savoir faire
Le savoir-faire de Sébastien Giméno fut récompensé en 2018 à la Foire de Paris, avec l’aide du célèbre boucher Hugo DESNOYER, Paris XVI°, où tous deux furent récompensés avec le prix de la meilleure entrecôte de Paris ! Depuis quelques semaine, c’est le groupe Intermarché qui vient de conclure un accord avec la « EARL de la Pique.» Mais Sébastien ne déroge pas aux règles, pour obtenir une viande savoureuse (persillée, tendre et juteuse), l’éleveur applique des règles de bon sens quant à sa méthode d’engraissement mais aussi de transport vers l’abattoir et de maturation des carcasses pour offrir aux clients, la meilleure viande.
Le nom de sa société, « Earl de la Pique », révèle l’attachement à l’estive où pâture son troupeau durant l’été Hospice de France et Plateau de Campsaure, au pied du Pic de la Pique à deux pas du célèbre « Port de Benasque .»
Sébastien : « nous favorisons les circuits courts, en fournissant en bovins une boucherie proche de l’exploitation et proche de l’abattoir, pour le respect de l’environnement et bien sûr du consommateur. »