Le jazz au tournant

La musique au tournant,

31 + 1, à quelques pas de danse, limitrophe de notre Comminges territoire, Tournan  surprend. Quand, il y a trois ans, l’académie a fermé l’école, faute de combattants, la vie au cœur du petit village gersois aurait pu s’éteindre. Le conseil municipal a alors décidé de faire du bâtiment abandonné une  école des arts. On y apprend la musique, la peinture, la décoration, la cuisine. Le préau a été aménagé en auditorium, en une petite salle de concert où la qualité du son renvoie toutes les notes.

Tournan, 200 habitants. Guy Lafitte, né à Saint Gaudens, a longtemps vécu dans la commune et, lorsqu’il a rendu son âme en 1998, il l’a laissée aux habitants. Le jazz continue de s’y entendre. Depuis que la crise sanitaire a éclaté, l’auditorium laisse ses écoutilles fermées. Qu’à cela ne tienne, on joue dans la cour de l’école, on y a dressé une scène de quatre planches. Tous les samedis soir de l’été, on y banquette. Sous l’impulsion de son maire, Jean-Luc Mimouni, le conseil municipal retrousse ses manches, met bénévolement la main à la pâte pour que le manant de passage puisse se délecter, les sens en éveil, la bouche et les oreilles. La cuisine du terroir servie à table par les agents masqués est délicieuse. Et les concerts s’enchainent. On s’y régale pour un coût modique.

Thibaud Soulas est musicien artiste de métier, contrebassiste hors pair. Toute l’année, il court le monde. L’été, c’est lui qui accueille dans sa ferme proche le gratin du jazz qui, d’ordinaire, cimente la programmation du festival de Marciac. Marciac étant cette année annulé, la fine fleur présente n’entend pas restée frustrée. Nommé directeur artistique des événements, Thibaud fédère et propose chaque samedi la formation qui égaiera la soirée de Tournan. Et il ne se trompe pas. Le talent est bien là.

Samedi soir, le quintet contrebasse (T. Soulas), batterie (P. Garcia), guitare (A. Da Silva), saxophone (H. Mayot) et trompette (A. Avice) a bercé et conquis les cœurs des 200 personnes présentes dans l’auditoire. Il n’a rien manqué à l’’hommage fait à Art Blakey. Sous les étoiles de cette petite commune qui surplombe la campagne gersoise, les spectateurs avisés ont été bercés et captivés trois heures durant. Ils sont repartis, papilles conquises, un air de « Caravan » résonnant dans la tête.

Les récréations musicales dans la cour de l’école de Tournan ne sont pas terminées. Samedi 8 août, le Leonardo Montana trio et ses invités défieront les éléments. Gaël Horellou et son quartet sont attendus le 15. Musiques cubaine et brésilienne animeront le 29 août sans qu’un si commun ballon de football ne vienne rebondir sur le macadam délaissé par les élèves. Place à la musique. A ne pas manquer.

 

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