Sont-ils raisonnables ou simplement fous de vivre? Les deux Galopins du Cagire, Claude Vidal, et Jacques-André Couret, le premier maraîcher, le second éleveur, quinquagénaires épicuriens implantés sur le marché d’Aspet, sont allés en Suisse se rappeler qu’ils étaient bien vivants. Habitués aux épreuves dures, au mal, les deux compères n’étaient pas à leur galop d’essai quand ils ont entrepris, début septembre, de dévaler les pentes du SwissPeaks, un trail XXL de spécialistes étendu sur 360 km d’Oberwald au Bouveret, sur un parcours bien pensé qui traverse le Valais en longeant le Rhône depuis sa source jusqu’au lac Léman. La 4ème édition de l’épreuve, ramenée exceptionnellement à 316 km pour des raisons de protocole sanitaire, a ravi les deux protagonistes venus chercher sensations, images fortes et cure d’endorphines. « J’avais déjà couru le Tor des Géants, la Diagonale des fous, le Grand raid des Pyrénées, je n’avais jamais vu de paysages aussi beaux, rapporte Jacques-André Couret. Les vues sont magnifiques, inoubliables. Nous sommes partis des glaciers dans 30 cm de neige. Il neigeait. Nos avons d’abord gravi des sommets à plus de 3000 mètres. Puis cela s’est adouci. C’était une course sublime, de loin ce que j’ai fait de mieux. » Il a fallu 107 heures au premier, 119 heures au second, pour couvrir l’épreuve (respectivement 75ème et 114ème au classement général). Muriel Toulouse, la compagne de Jacques-André, leur a apporté une assistance bienveillante tout au long de la course. A soulever des montagnes, les deux Commingeois sont rentrés décharnés, courbatus, cassés. Mais on peut encore deviner dans leurs yeux et dans le tremblement de leurs voix les émotions vécues, les images traversées, leur goût pour l’effort et le dépassement d’eux-mêmes et la grande satisfaction d’être les redoutables finishers d’une épreuve mythique. Bravo.
