Dissuader par une présence visible des forces de l’ordre
Même avant la parution des chiffres officiels dont on sait qu’ils ne seront pas bons en ce qui concerne le nombre de cambriolages constatés dans la Haute Garonne en 2015, la Gendarmerie fait de ce fléau une priorité absolue. Le Général Bernard Clouzot, commandant la Région de gendarmerie de Midi Pyrénées et le département de la Haute Garonne, l’a rappelé lors du séminaire qui vient de se tenir à Diagora Labège. Il avait réuni pour la circonstance l’ensemble de son encadrement de Midi Pyrénées pour fixer la feuille de route 2016.
Des opérations de contrôle inopinées pour créer l’insécurité chez les délinquants.
En complément des enquêtes effectuées dans la plus grande discrétion tant auprès des délinquants que des receleurs potentiels, la gendarmerie monte des opérations de contrôle pour créer l’insécurité chez les cambrioleurs et ainsi les empêcher d’agir.
Sous réquisition du Procureur de la République de Toulouse pour l’ouverture des coffres et en coordination avec le lieutenant colonel Gojkovic-Lette commandant la compagnie de Muret, le Capitaine Campourcy commandant la communauté de brigades du Volvestre a coordonné l’une de ses opérations qui vient de se dérouler sur le territoire du Volvestre. Nous avons suivi ce dispositif qui avait la particularité, dans les agglomérations de Carbonne et de Montesquieu Volvestre, d’y associer les polices municipales. Une complémentarité devenue indispensable et souvent gage d’efficacité. Des véhicules contrôlés selon des critères précis qui ont fait l’objet d’un briefing en début de service. On fait ouvrir certains coffres plutôt que d’autres selon une logique qui ne tient rien du hasard.
Capitaine, je suppose que les lieux et horaires de ces dispositifs ne sont pas choisis au hasard ?
Effectivement. Je tiens une statistique précise des jours (en semaine ou week-end), des créneaux horaires (jour nuit, durant le temps des repas etc.. ), et des types de lieu. Après analyse cela me permet d’orienter mes services et de programmer ce type de contrôle.
La lutte contre les cambriolages est une demande forte de nos concitoyens car ce type de délit augmente très sensiblement le sentiment d’insécurité. On touche à l’intimité d’un domicile et l’on dérobe des objets ou bijoux chargés de sens. Nous sommes conscients de cela et l’on met tout en œuvre pour tenter de faire baisser au maximum le nombre de cambriolages. Ce n’est pas toujours chose facile mais notre motivation est intacte. Il faut que le public sache aussi que la sécurité n’est pas l’exclusivité des forces de l’ordre. On doit mettre de la citoyenneté dans la lutte contre l’insécurité qui est l’affaire de tous.
Ces services sont-ils efficaces compte tenu de la visibilité du contrôle ?
Ils le sont si l’on prend les bonnes dispositions. Nous sommes rapidement repérés à cause des appels de phare mais également à cause de l’utilisation des téléphones portables. Si cela permet de faire ralentir les automobilistes et tant mieux, cela a l’inconvénient d’alerter de notre présence les délinquants. C’est pourquoi nous changeons souvent de place. Ces dispositifs doivent être réactifs et très mobiles. Nous les complétons par d’autres dispositifs discrets dont je ne souhaite pas faire état pour maintenir une efficacité. La sécurité du contrôle et de mes personnels est pour moi un soucis constat. On vit dans un monde difficile où la violence est devenue monnaie courante. On n’hésite plus à foncer sur un gendarme ou à lui tirer dessus.
Et les rapports avec la Justice dont on dit qu’elle n’est pas sévère ?
Je n’ai pas à me prononcer sur ce type de questions. Je peux en revanche vous donner un exemple significatif. Hier, le tribunal correctionnel de Toulouse jugeait le cambrioleur qui avait sévi à Salles sur Garonne au mois de mai 2015. Une course poursuite s’était engagée et ce jeune roumain avait pris tous les risques au volant de la voiture. Il avait foncé sur les gendarmes à Boussens et l’un des militaires avait été contraint de faire usage de son arme. Malgré cela il avait pu poursuivre sa route. Pris en chasse avec l’aide de l’hélicoptère de la gendarmerie, il avait été arrêté avec beaucoup de difficulté sur le périphérique toulousain et un gendarme avait été blessé à la main. Le tribunal a prononcé une peine de 6 ans d’emprisonnement ferme avec indemnisation des victimes. Durant ses prises de parole, le président du tribunal a rendu hommage à l’action de la gendarmerie.
Des conseils de prévention à formuler ?
Le monde a changé et nos territoires ruraux et rurbains ne sont plus épargnés. Le temps où l’on pouvait tout laisser ouvert et les clés de contact sur la voiture est une période révolue. Sans tomber dans la paranoïa non plus, un certain nombre de précautions sont devenues indispensables. Déjà regarder autour de soi et se sentir concerné car cela n’arrive pas qu’aux autres ; ne pas laisser rentrer chez soi des personnes inconnues et bien vérifier les documents qu’elles vous présentent. Le moindre doute doit se solder par un appel à la gendarmerie ; en cas de départ faire relever son courrier par un voisin et signaler votre départ à la brigade.