Le major Ruzig commandait la brigade de Tarascon sur Ariège. Il se prénommait Christian. Il avait 55 ans, Il était marié et père de deux enfants. Il est mort parce qu’il portait un uniforme dont il était fier. Il était gendarme et c’est pour cela qu’on l’a tué.
Pour ceux qui l’ont connu tant dans sa vie professionnelle que personnelle, c’était un homme affable et discret. Il aimait son métier devenu si difficile et qui avait tellement changé ces dernières décennies.
Etre gendarme dans l’Ariège, c’est allé boire le café avec la population et parler du temps qui passe. Etre gendarme dans l’Ariège, c’est allé à la sortie de l’école récupérer ses gamins tout en discutant avec les autres parents d’élèves. Etre gendarme dans l’Ariège, c’est participer au vivre ensemble d’une communauté et c’est bien connaître une population pour mieux dégonfler les problèmes qui peuvent surgir. Etre gendarme dans l’Ariège, c’est faire preuve de mansuétude au bord de la route quand une infraction mineure est commise et ne pas abuser d’une répression froide, sans visage et inhumaine.
Mais au fil des années, les choses commencèrent à changer. Petit à petit pour des raisons légitimes de sécurité, on les a habillés comme des robocops. Une arme qui ne quitte plus le flan droit, des pistolets électriques pour tenter de neutraliser des excités de tout poil, un gilet pare-balles porté en permanence pour tenter de prévenir l’imprévisible. Petit à petit, les gendarmes ont du se protéger contre leur propre volonté contre des voyous de l’espèce de Loïc Gerieke, 31 ans, auteur présumé du meurtre du major Ruiz. Des sans foi ni loi qui peuvent faire irruption à tout moment, sans prévenir, pour briser des destins avec un sang froid qui glace. Cet homme multi-récidiviste, aux multiples condamnations, qui passe son temps à entrer et sortir de prison. Ce délinquant interdit de séjour dans l’Ariège qui roule sans permis de conduire et qui tue volontairement un père de famille pour simplement échapper à ses responsabilités. Il a été condamné récemment à six mois de prison avec sursis assortis de 18 mois de mise à l’épreuve pour non-respect de son interdiction de séjour. A son actif des condamnations pour cambriolages, violences ou agression sexuelle sur mineur quand il était lui-même mineur. Ce voyou capable de mettre sur un même pied d’égalité le fait de pouvoir retourner éventuellement faire quelques mois de prison et une vie humaine. Il a tué Christian par lâcheté.
Cela aurait pu arriver aussi à Montesquieu Volvestre durant le même week-end où un autre voyou de la même espèce a également fait demi tour et foncé sur le véhicule gendarmerie sans faire heureusement des victimes. Coincé, inconscient dans son véhicule qui prenait feu, les gendarmes n’écoutant que leur sens du devoir, l’ont sorti pour éviter une mort atroce certaine…et doivent le garder sur son lit d’hôpital !
Une Justice qui n’est pas ici question de critiquer mais complètement démunie dans son arsenal juridique et moyens humains pour trouver des solutions efficaces face à ce genre d’individus. Ils errent de ci de là jusqu’à ce que un jour, le drame arrive… On ne peut accepter la fatalité quand il s’agit de vie humaine.
Demain la famille gendarmerie avec à sa tête le Général Lizurey, directeur de l’Institution, rendra hommage au major Christian Ruzig assassiné lâchement dans l’exercice de ses fonctions. Le Ministre de l’intérieur sera présent pour cette cérémonie . Une communion dans le recueillement et dans une colère contenue pour saluer celui qui avait la fierté de porter un uniforme pour protéger ces concitoyens. On vous dit Adieu cher Christian et on a une pensée très émue pour votre famille et vos proches… Que votre sacrifice ne soit pas vain…
Demain chacun d’entre eux, avec courage et cette volonté immuable de servir, remettra son arme de service et son gilet pare balles espérant que le sort ou l’inacceptable les épargnent.